Tschiember, le travail de la matière

Rose parce que l’artiste mélange souvent le côté masculin du chantier avec la sensualité d’une forme qui naît. « Taboo » parce qu’elle remet en question les principes académiques. Cette entrée en matière – ou en matériaux – pourrait résumer à elle seule les recherches de l’artiste qui s’acharne à expérimenter les différentes techniques, de la céramique à l’acier, cherchant leurs failles depuis le début de son travail. On lui a dit que les peintures à l’huile et à l’eau ne se mélangeaient pas ? Elle crée ses Rolls, grands rouleaux d’acier qui pressent acrylique et aquarelle dans une mixture rosée. On ne peut pas tordre la céramique ? Elle la contraint avec la technique ancestrale du kinbaku, aussi appelée l’art du lien (bondage) apprise auprès d’un maître japonais. Cela crée des formes sensuelles mi-chair, mi-coquillage. Sensualité présente également dans les Bubbles, langoureuses bulles de verre soufflé étendues sur des portants métalliques, ou les formes en béton, les Rash, coulées dans du carton pareil à des corps écartelés. Tout devient moule : de la mousse qui brûlera à la cuisson jusqu’au polystyrène. Amélie Lavin, conservatrice depuis peu du musée, après avoir travaillé au Musée Rodin, insuffle une dose moderne à l’exposition en proposant un dialogue de deux petits Rash avec deux sculptures de Rodin habilement installées dans une petite salle. La relève semble assurée.