Pages à Pagès

Le parcours n’est pas strictement chronologique, mais il est vivement conseillé de l’amorcer par les petites salles accueillant les dessins de jeunesse, alors que l’artiste étudiait la peinture et n’avait pas encore fait le choix de la sculpture. Des troncs et des branches dépourvus de feuilles, silhouettes d’arbres aux contours finement dessinés à l’encre de Chine, apparaissent sans arrière-plan, comme projetés sur le papier. Déjà affleure l’idée d’empreinte, qui, à partir de 1968, constitue le fil conducteur de toutes les recherches graphiques de Bernard Pagès. Empreintes de grillage, de crevasses dans la boue séchée, de pierre taillée, de mur en parpaings, d’herbe et de boucharde de maçon, de tôle ondulée, de tôle éclatée, de barres d’acier oxydé, les titres du plus grand nombre des soixante-dix-huit œuvres sur papier présentées commencent par « Empreinte ». Dans le catalogue publié à l’occasion de l’exposition, Bernard Pagès détaille avec rigueur comment il parvient à faire apparaître sur le papier des présences totalement déroutantes au premier regard, et parfois familières. Ainsi, une salle accueille trente-deux empreintes de grillage hexagonal en étonnante résonance avec le sol recouvert de tomettes anciennes, elles aussi hexagonales. Curieux de la richesse et de la variété des traces que les matériaux les plus divers peuvent laisser sur le papier, Bernard Pagès ne cesse de dévoiler de nouveaux champs de possibles.