On ne change pas un concept qui gagne. Depuis trois ans, sur les murs des carrières des Baux-de-Provence sont mis en scène et en mouvement, grâce à un dispositif technique de pointe, des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art. Et le résultat est chaque fois le même : époustouflant. Dans ce cas de figure, la prouesse tient moins dans le procédé technique que dans la capacité à se renouveler.
Et sur ce point, c’est particulièrement réussi. Cette année, ce sont les chefs-d’œuvre des géants de la Renaissance, Michel-Ange, Léonard de Vinci et Raphaël, qui évoluent sous les yeux du public au rythme d’une musique bien choisie. Sur les voûtes des carrières, les fresques du plafond de la chapelle Sixtine s’esquissent dans un mouvement ascensionnel qui place le spectateur à hauteur des personnages de La Genèse. Il y a ce « zoom » spectaculaire sur les mains de la Création d’Adam dont la force allégorique est décuplée par la monumentalité de la scène – 2,80 m sur 5,70 m – et sa proximité : le spectateur peut lui aussi effleurer la main du Créateur. Puis ce sont les prophètes, les sybilles et quelque trois cents personnages qui évoluent sur les murs dans un ballet étourdissant avec, en point d’orgue, ces éphèbes athlétiques et tourmentés, sortes de géants de pierre qui émergent des parois des carrières et s’en détachent imperceptiblement. Un paysage « sfumato » s’efface devant une table autour de laquelle les apôtres de La Cène de Léonard de Vinci prennent place pour un dernier repas avec le Christ. La dramaturgie de ce repas, à travers la mise en scène des regards et des rapports entre les personnages, est amplifiée par le jeu de perspectives simultanées. Quant à pouvoir fouler virtuellement au sol les pages du Codex du même Léonard, cela procure un plaisir assez particulier. Le spectacle nous conduit ensuite à travers les treize loges vers les appartements pontificaux où l’art de Raphaël se déploie sur les murs des carrières, avec la même découverte intéressante de détails généralement invisibles à nos yeux. Enfin, nous revoici dans la chapelle Sixtine pour une ultime ascension vers Le Jugement dernier de Michel-Ange où l’espace des parois s’emplit d’un foisonnement de personnages qui tourbillonnent autour du spectateur tandis que les « bonnes » âmes sont aspirées vers les voûtes célestes.
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Les carrières renaissent
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Les carrières renaissent