Jusqu’à l’exposition du Musée de l’Orangerie, il fallait, pour connaître Adolfo Wildt (1868-1931), être allé à la Ca’ Pesaro de Venise, où est présenté – énigmatique et silencieux – le plus bel ensemble de l’artiste, ou avoir vu l’importante exposition que la Ville de Forli lui consacra en 2012.
Autant dire qu’étaient rares, en France, les familiers du sculpteur italien auquel la présente rétrospective réserve six salles et quelque cent dix pièces. Sagement, le parcours déploie la carrière d’un artiste dont l’extrême virtuosité anime nombre de sculptures, qu’elles soient naturalistes ou expressionnistes, recueillies (Martyre, 1894) ou bachiques (Parsifal, 1930). Élégante, la scénographie rouge rubis culmine avec la tholos qui, accueillant des œuvres religieuses édifiantes, constitue le moyeu d’une démonstration disciplinée mais chagrine. Superbes et opportunes, les œuvres de comparaison – signées Cosmè Tura, Bronzino et, sans même un commentaire, Ivan Mestrovic – éclairent imparfaitement le mystère d’une œuvre étrange, peuplée de figures désossées, de chairs impavides et de visages exorbités. Le classicisme héroïque de Wildt, qui lui valut d’être chéri par le régime fasciste et d’intégrer le groupe Novecento, ne doit pas masquer ses épures désarticulées, où sourdent la grâce et l’angoisse. Ici, comme chez Dix, Lehmbruck ou Pasolini, le corps est diminué, exagéré et dégénéré, quand ne restent que les pulsations du sang et les remous de l’âme. Wildt le sait : tout corps est à vif et tout être est dépouillé. Lucio Fontana et Fausto Melotti, ses élèves, s’en souviendront.
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Adolfo Wildt, sage comme une image
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’Orangerie, jardin des Tuileries, côté Seine, Paris-1er, www.musee-orangerie.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Adolfo Wildt, sage comme une image