Porté par une croissance soutenue, le marché de la photographie donne naissance à de nouvelles foires spécialisées, à Londres et à Bâle, dont chacune espère bien s’imposer dans le calendrier du premier semestre.
Au premier semestre 2015, le lancement des foires Photo London et de Photo Basel bouscule le paysage jusqu’à présent limité à l’AIPAD Photography Show (New York) et à Paris Photo Los Angeles (lancée il y a trois ans par Reed Expositions France, organisateur de Paris Photo). Cette dynamique n’est certainement pas étrangère à l’intérêt et la considération pour le médium d’un public de collectionneurs et d’acheteurs de plus en plus nombreux et varié. Bien que le marché demeure une niche, il connaît depuis dix ans une croissance soutenue. Cette démultiplication des foires peut être mise également en regard à un premier semestre dépourvu encore d’une foire dominante comme l’est Paris Photo dans la deuxième partie de l’année. Pour les nouveaux venus, il y a donc une place à prendre, à construire. Si l’AIPAD (16-19 avril), qui fête ses trente-cinq ans en 2015, retrouve un second souffle depuis peu, elle demeure une foire composée essentiellement de galeries américaines (71 sur 89 enseignes) ; seules trois galeries françaises s’y inscrivent par exemple : Baudouin Lebon, Esther Woerdehoff et Les Filles du Calvaire.
Photo London
De son côté, Paris Photo Los Angeles (1er-3 mai), organisée dans les studios de la Paramount, s’inscrit sur un tout autre registre avec une tout autre ambition : donner à Paris Photo une deuxième saison en ouvrant davantage la foire sur l’image fixe ou en mouvement d’avant-garde. Mais après deux premières éditions marquées par un beau parterre de galeries, la difficulté de ses organisateurs à établir la liste d’exposants qu’ils souhaitent montre la fragilité de l’édifice ; une difficulté liée, dit-on, aux modifications de dates imposées par la Paramount en raison de tournages de films, qui auraient provoqué des désaffections. Quoi qu’il en soit, le renouvellement de 71 % des enseignes (43 sur 68), surprenant dans l’histoire d’une foire de cette envergure, et l’absence des galeries de renom telles que Gagosian, Fraenkel, 303, Thomas Zander ou Stevenson ne faciliteront pas la tâche de Florence Bourgeois et Christoph Wiesner, le nouveau tandem à la tête de Paris Photo depuis le départ de Julien Frydman. Car Paris Photo Los Angeles est loin d’être rentable pour Reed Expositions France, et la migration vers Photo London (21-24 mai), provisoire ou non, de galeries de référence comme Blau, Howard Greenberg, Rose Gallery, Thomas Zander, Peter Fetterman et Taka Ishii n’est pas un bon signal.
Compte tenu des trois semaines qui séparent les deux foires, les galeries ont dû faire des choix. La présence d’Edwynn Houk, Fifty One et Yossi Milo montre l’intérêt des galeries pour Photo London, y compris du côté français où l’on relève la participation des galeries Esther Woerdehoff, Les Filles du Calvaire, les Douches, Lumière des Roses, Polaris, Gilles Peyroulet & Cie, In camera, School Gallery et de la Galerie particulière. Car Photo London peut devenir « la » grande foire photo du premier semestre. Elle possède de nombreux atouts : son fondateur, Candlestar (organisateur du prestigieux prix Pictet), et le soutien d’institutions culturelles et artistiques de la capitale, y compris de Sotheby’s et Christie’s, qui, au même moment, programmeront expositions, événements et ventes aux enchères autour de la photo.
Michael Benson, fondateur et codirecteur de Photo London avec Fariba Farshad, peut jurer que « Photo London n’est pas un concurrent pour Paris Photo Los Angeles », il reste que le choix de New York pour dévoiler le nom de 70 enseignes retenues n’a pas été innocent. Il s’agit de faire venir à Londres ceux qui œuvrent en Amérique du Nord pour le médium, tant dans son soutien à ses auteurs que dans sa visibilité ; et ils sont aussi nombreux qu’importants.
Photo Basel
Les ambitions de Photo Basel (17-20 juin) quoique plus discrètes, sont également à suivre au vu de sa première édition programmée sur la période d’Art Basel. Ses organisateurs, Sven Eisenhut et Samuel Christoph Riggenbach, qui ont bénéficié du fichier galeries de la foire, ont choisi de positionner le salon sur les artistes de moins de 40 ans. Ce critère a laissé dubitatives certaines galeries qui attendent la tenue de la première édition avant de poser leur candidature ou non l’année prochaine. Esther Woerdehoff s’y est d’ores et déjà pleinement inscrite. Face au désengagement d’Art Basel vis-à-vis des galeries photo, mais aussi du retrait volontaire de nombre d’entre elles compte tenu des critères de sélection, Photo Basel a une place à prendre. Reste la question de savoir si la clientèle d’Art Basel, déjà très sollicitée, aura le temps de venir à Ackermannshof, vieille demeure dans le centre-ville de Bâle. Le vernissage le 16 juin entend bien tordre le cou aux sceptiques.
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Une fleuraison de foires photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : Une fleuraison de foires photo