Après deux étapes au MoMA et à la Tate Modern, la rétrospective « Alibis : Sigmar Polke 1963-2010 » fait une halte à Cologne, au Musée Ludwig.
Juste retour, non pas de l’enfant du pays – Polke est né en 1941 en Silésie –, mais de l’un des hérauts de la ville, là où l’artiste a vécu avant de s’éteindre en 2010. Cette nouvelle présentation fait doublement sens, puisqu’elle s’installe à 75 km du Museum Abteiberg à Mönchengladbach où sont conservées les œuvres que Polke avait réalisées pour le Pavillon allemand de la Biennale de Venise en 1986. Difficile de rendre compte d’une telle rétrospective, la plus complète jamais réalisée sur l’artiste et qui risque fort de le demeurer longtemps, tant elle brosse un panorama chronologique complet de quarante-sept années de travail à travers plus de deux cent cinquante œuvres (sans compter celles de l’exposition d’Abteiberg). Toutes les facettes de Polke y sont abordées, à commencer par ses insatiables recherches plastiques. Peinture, photographie, film, installation, sels d’argent… tout y passe chez Polke. À Mönchengladbach, un cordon de sécurité doit même tenir éloignés les visiteurs d’un ensemble de quatre tableaux monochromes peints en 1985, non pour préserver les œuvres, mais pour protéger le public de leur toxicité ! Pour l’un d’eux, Polke a en effet utilisé de l’orpiment (une espèce minérale composée d’arsenic). Pour prendre la mesure de la critique sociale opérée par Polke, de la petite-bourgeoisie « mangeuse de patates » de l’Allemagne d’après-guerre, il faut en revanche aller à Cologne. Constructivist (1968) représente deux formes peintes en points de trame rouges et noirs sur lesquelles flottent deux lignes à angle droit. La toile serait inoffensive si elle ne reprenait pas les couleurs du national-socialisme d’Hitler et n’évoquait pas la la svastika nazie déconstruite. Sigmar Polke rappelle que cet art moderne devenu tant apprécié par les Allemands était considéré comme dégénéré quelques années auparavant. Inoffensive, vraiment ?
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Sigmar Polke, artiste hautement toxique
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Ludwig, Heinrich-Böll-Platz, Cologne (Allemagne), www.museum-ludwig.de ; et Musée Abteiberg, Abteistr 27, Mönchengladbach (Allemagne), www.museum-abteiberg.de
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : Sigmar Polke, artiste hautement toxique