Il est toujours question de rencontres inattendues ou provoquées, d’un personnage-clé qui fait entrer le peintre dans un autre monde, lui ouvre la porte.
Lui prend des photographies de ces instants, des gens, des lieux et les recomposent en atelier, avec un luxe de détails précis propices à rendre l’atmosphère exacte. Un matin, il debarque à Florange, fatigué par les actualités qui passent en boucle. Toute la journée en prise directe cette fois-ci avec le récit des syndicalistes, il fait leur portrait. Le dernier haut fourneau à l’arrière-plan vient de s’éteindre définitivement. Pas de parti pris, ni de jugement. Julien Beneyton écoute et imprime sur le panneau de bois son frottement au monde réel, cette rencontre inopinée avec un travailleur marocain en Italie ou cet illuminé qui promet que « Jésus est un ticket pour le Paradis » à Amsterdam. Il y aura un avant et un après Amsterdam, confie-t-il. Un avant son séjour à la Rijksacademie où il peint un tableau comme « un marathon ». Un après où il s’autorise enfin « d’autres souffles », comprenez d’autres supports, d’autres façons de raconter les histoires. « Ce n’est pas facile quand on est un peintre classique », sourit-il. Pour la série Tatouages, les personnes lui ont dévoilé le morceau encré de leur corps et leur histoire que le peintre a retranscrits sur panneau de bois avec un pinceau au rythme du récit oral. Portraits sans visage et écriture peinte, comme un premier nouveau souffle. Mais aussi la rapidité d’exécution, sur papier et en noir et blanc de la série Wish List et même des volumes visibles à la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon à Annecy, deuxième lieu d’exposition. Par petites touches, « le peintre classique » s’émancipe du panneau de bois, s’échappe du marathon, sans abandonner son maniérisme formel et son engagement dans la réalité, le meilleur vecteur de ses récits.
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Le monde selon Beneyton
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : Le monde selon Beneyton