Pierre Leguillon, réflexion sur l’art

À l’entrée, une installation d’Éléonore False (née en 1987) tourneboule les codes familiers de la photographie. À l’étage le cabinet d’arts graphiques invite à une réflexion sur la répétition et les rituels par la revue de dessin Roven. L’imposante salle du rez-de-chaussée – un ancien chai – et quatre salles du premier accueillent, « Le musée des erreurs : Barnum », une téméraire exposition proposée par Pierre Leguillon (né en 1969). Réalisée en écho à une légendaire figure nord-américaine, l’entrepreneur de spectacle Phineas Taylor Barnum (1810-1891), cette manifestation initie une réflexion sur les conditions de production et de réception de « l’art ». Disposés avec fantaisie et une désinvolture habilement réfléchie, publicités, photographies, magazines, pochettes de disques, extraits de films, diapositives, cartes postales, tissus imprimés de provenances très diverses brouillent les frontières entre original et reproduction, entre geste individuel et production collective. Leguillon met à mal les conditionnements culturels. Aucun cartel ne vient éclairer le visiteur face aux photographies de Diane Arbus (1923-1971) ou aux pochettes de disques 33 tours conçues par des peintres abstraits du siècle dernier, environnées de cartes postales achetées dans les musées (Le Tapis, 2014). Chaque spectateur est invité à mettre en jeu ses fictions singulières pour construire son propre récit, à réinventer une histoire de l’art en résonance avec son imaginaire.