Les lieux fragmentés de Pedro Cabrita Reis

Pedro Cabrita Reis, artiste portugais de renommée internationale, a investi la totalité des lieux qu’il a fragmentés en quatre parties. Le travail de l’artiste est avant tout marqué par la nécessité d’occuper l’espace, de se l’approprier, de « l’habiter », de le transformer, mais aussi de dialoguer avec lui. Bien qu’il se considère plutôt comme peintre et sculpteur, il parle d’architecture, de construction, mais plus qu’au bâti, à la « boîte », c’est à la nature humaine que fait référence son œuvre. La maison comme territoire de l’homme par rapport au monde. La maison comme lieu protecteur, comme lieu de vie, comme accomplissement, et Una casa in il muro, son œuvre la plus ancienne,  prend ici toute sa signification. Il parle également de lieux de réflexion, de lieux de communion, de partage : des lieux de rencontres silencieuses dont il ne reste que des traces : un chapeau – celui de Beuys peut-être ? –, des dessins d’enfants, des profilés en forme de notes de musique… Comme un espace mémoriel. Cabrita Reis travaille à partir de matériaux bruts, modestes, que ses œuvres transcendent. Des matériaux utilisés en support de création comme un peintre utilise une toile : bois, câbles électriques, profilés, minium, bitume, beaucoup d’objets trouvés ou recyclés, et surtout le néon, « lumière pathétique et poétique », matériau préféré de l’artiste que l’on retrouve tout au long de l’exposition. Art de la couleur et de la lumière, le néon est aussi celui du tracé, et Cabrita Reis y voit la seule lumière qui trace une ligne droite, une ligne froide qui dirige de façon péremptoire la circulation du regard et lui permet de redessiner l’espace. Ses constructions monumentales, tels Favorites Places ou Unnamed World, vérifient de façon éclatante ses talents de dessinateur.