La peinture actuelle servie sur un plateau

Ne visant nullement à être une exposition manifeste qui démontrerait la persistance de la peinture dans l’art contemporain, cette exposition de groupe est avant tout une proposition subjective d’accrochage reposant sur un protocole précis : la scénographie est structurée à partir de la peinture murale PM 062 (2013) du Suisse Stéphane Dafflon, qui déploie sur les murs du plateau un réseau de lignes nettes et sans bavure venant interroger la pseudo-neutralité des murs blancs tout en servant de cadre pour accueillir d’autres productions picturales. Ce dispositif marche, car sa radicalité permet, d’une part, de donner une vision inédite aux œuvres dévoilées, qui appartiennent toutes au Frac Île-de-France et, d’autre part, il vient comme « redoubler » la radicalité des peintures exposées ; radicalité qui s’affirme d’autant mieux grâce au jeu des correspondances et des grands écarts provoqué par les déambulations aléatoires du visiteur. On a ainsi la curieuse impression d’être immergé dans une immense peinture abstraite kaléidoscopique qui renverrait aux différents champs picturaux du moment : de l’abstraction citationnelle à l’imagerie pornographique en passant par l’effacement de l’image et l’ambiguïté de l’entre-deux.