Le Musée Jacquemart-André consacre une passionnante exposition à l’historien de l’art italien qui a offert à sa discipline de formidables découvertes.
Le thème est assez rare pour être salué : une exposition en France, sur un historien de l’art, de surcroît italien, a tout pour surprendre et ravir les amateurs. L’heureux élu se nomme Roberto Longhi (1889-1970). Il est à la une du Musée Jacquemart-André qui présente une analyse inédite de la carrière, de la méthode et des découvertes du savant piémontais. Cette première est remarquablement illustrée de tableaux issus de la collection personnelle de l’historien complétée de prêts extérieurs afin de refléter l’étendue et la diversité de ses recherches qui vont de la Renaissance aux avant-gardes du XXe siècle. Qu’ils se nomment Giotto, Piero Della Francesca ou Caravage, ils doivent à Roberto Longhi la connaissance et l’estime attachée aujourd’hui à leur nom, sans oublier leurs peintures dont il a restitué la paternité pour nombre d’entre elles.
Le goût des avant-gardes, anciennes ou modernes
Les écoles du nord de l’Italie sont les principales bénéficiaires des recherches pionnières de Longhi. D’abord la Lombardie, terre natale du Caravage. L’étudiant avait choisi le peintre alors méconnu comme sujet de thèse et d’en faire le point de départ de ses Quesiti caravaggeschi étendues par la suite aux artistes français, flamands et espagnols. Trois toiles de Caravage figurent à l’exposition, dont le Garçon mordu par un lézard qui appartenait à Longhi. Son autre champ d’études est la Renaissance. Parmi ses nombreuses attributions dans cette période, citons les deux primitifs acquis par Nélie Jacquemart pour l’abbaye de Chaalis qu’il attribue à Giotto en 1930. Pour la collection parisienne des époux Jacquemart-André, Longhi étudiera les peintures ferraraises dont il établira l’unité et la cohérence de l’ensemble.
Les contemporains de Longhi louèrent tous sa très grande curiosité et son irrésistible attirance pour la modernité. En témoigne, son appétence pour les avant-gardes qu’elles concernent les peintres anciens ou modernes, l’historien de l’art ayant le don de dresser des ponts entre les générations. Par exemple, quand Longhi jette les bases de la redécouverte de l’école bolonaise du trecento, il montre comment le réalisme dans la peinture locale constitue, à partir de Vitale da Bologna, un fil conducteur, arrivant à Giorgio Morandi (1890-1964). Manque à l’exposition une œuvre de ce dernier qui aurait apporté une preuve supplémentaire de l’esprit d’ouverture du collectionneur averti qu’était également Roberto Longhi. À Florence, une fondation éponyme, ouverte aux chercheurs et un jour par semaine au public, perpétue sa mémoire.
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Roberto Longhi, redécouvreur de Caravage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°677 du 1 mars 2015, avec le titre suivant : Roberto Longhi, redécouvreur de Caravage