Warhol, médiateur de marque

Warhol, qui était lui-même collectionneur avide de coupures de presse tous azimuts puis fondateur du magazine Interview en 1969, n’afficha aucune réticence à servir les intérêts commerciaux de marques désireuses d’attirer à elle un peu de l’aura de cet artiste hors-normes. À partir de la collection de Paul-Maréchal,  grand collectionneur québécois, composée de quelque cinquante affiches et quatre cents magazines, l’exposition déroule très intelligemment les phases de l’œuvre graphique warholienne. Ainsi depuis les délicats dessins pour Mademoiselle ou Harper’s Bazaar dans les années 1950, en passant par les pochettes de disque de Diana Ross, jusqu’à l’affiche du film Querelle du réalisateur Rainer Fassbinder sorti en 1982, Warhol a déroulé son art dans tous les domaines. Faisant de ces supports de papier des multiples plus accessibles mais tout aussi désirables. Inscrites dans l’héritage des artistes affichistes de la fin du XIXe siècle que furent Cheret et Toulouse-Lautrec, les deux salles foisonnent d’exemples et de pistes de lecture, avec un bel esprit qui apprend beaucoup au visiteur. Alors que l’exposition aurait pu n’être qu’un dépliage qui aurait tout aussi bien fait de n’être qu’une publication, l’accrochage a tiré parti des formats d’affiches, des vitrines, avec une tendance à la fétichisation que n’aurait pas reniée Andy Warhol.