Truffaut comme chez lui à la Cinémathèque

De ses premiers pas comme critique à ses vingt et un films en tant que réalisateur via son interprétation mémorable dans Rencontres du troisième type de Spielberg, la trajectoire de cet « homme de cinéma » est retracée finement par le commissaire de l’exposition, Serge Toubiana. Les organisateurs de cette rétrospective ont de la chance : l’obsessionnel Truffaut, qui était un homme à idées fixes, gardait tout : aussi, à côté des pièces attendues (extraits de films, photographies de tournage…), le visiteur découvre une mine de documents inédits voire intimes, comme de nombreuses lettres, qui révèlent combien Truffaut était un personnage double. Derrière son apparence aimable de cinéaste bienveillant aimant les femmes et les enfants se cachait un homme obsédé par les blessures de l’amour et par la mort. Cette expo a un grand mérite : elle donne envie de revoir tout Truffaut. Deux bémols cependant : on s’étonne que la musique, si essentielle à son univers romanesque, soit si peu présente dans le parcours (seul un tout petit espace survole des compositeurs aussi importants que Georges Delerue et Antoine Duhamel) ; par ailleurs, la dernière salle, prétendument consacrée à l’héritage de Truffaut dans le cinéma contemporain, présente trois courts métrages d’Axelle Ropert assez insipides. N’aurait-il pas été plus judicieux d’interviewer des cinéastes actuels – Arnaud Desplechin en tête – réellement inspirés par l’auteur de L’Enfant sauvage ?