Sur les routes du Moyen Âge

Cette impressionnante pinasse du XVe siècle donne le ton à une manifestation qui réunit des objets rares, tantôt spectaculaires, tantôt prosaïques, qui narrent ou évoquent la pratique du voyage à l’époque médiévale. Ce parcours fourmillant a été imaginé par Michel Huynh, conservateur des lieux déjà remarqué pour ses expositions qui prennent un malin plaisir à défaire les clichés sur cette période mal aimée, en la dépoussiérant par des approches sociétales. Sa nouvelle proposition ne déroge pas à la règle et constitue à nouveau une découverte rafraîchissante. Cette promenade nous emmène ainsi sur les flots et la terre ferme, à pied ou à cheval, pour appréhender les multiples facettes du voyage. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, nos ancêtres circulaient déjà beaucoup, quelle que soit leur condition sociale. Une pratique incontournable pour accroître leur connaissance, assurer leur visibilité, s’enrichir évidemment, mais aussi garantir le salut de leur âme. Autour des grandes thématiques inhérentes au périple, le circuit joue constamment sur plusieurs tableaux, en juxtaposant des pièces majestueuses et des objets triviaux. Retables, sculptures et manuscrits frayent ainsi chemin avec des chaussures, des guides ou encore des enseignes de pèlerinage, lointains ancêtres de nos tours Eiffel miniatures, vendus pour quelques sous au pied des sanctuaires. Les objets nécessaires au voyage – coffres, boîte à jeu portative et accessoires de toilette – accentuent encore la proximité avec nos aïeuls. D’autres ensembles, comme les cartes et les astrolabes, relativisent par ailleurs leur prétendue méconnaissance du monde. Enfin, la profusion de reliquaires, images de saints et objets apotropaïques nous rappellent que le danger était alors une composante intrinsèque à tout périple, qu’il conduise à quelques lieues ou aux confins de la terre.