Lisbonne (Portugal)

Dacosta : le théâtre de l’intranquillité

Centre d’art moderne Gulbenkian, jusqu’au 25 janvier 2015

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 19 novembre 2014 - 290 mots

Antonio Dacosta, peintre et poète portugais né en 1914 aux Açores, décédé à Paris en 1990, est reconnu dans son pays natal comme l’un des artistes les plus importants de sa génération.

À l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, Lisbonne accueille la rétrospective d’un artiste dont une réalisation spectaculaire est familière aux Lisboètes : vingt-quatre panneaux d’azulejos, chacun de plus de vingt mètres de hauteur, figurant vingt-quatre lapins identiques marchant à grandes enjambées, ornent la station de métro Cais do Sodré. Cette exposition réunit cent trente-cinq œuvres subtilement mises en valeur dans les treize espaces du premier étage du Centre d’art moderne Gulbenkian (avant le Centre d’art contemporain Graça Morais à Bragança). La première salle permet de découvrir les toiles d’un pionnier de l’art surréaliste portugais. À 26 ans, Dacosta, atterré par la dictature de Salazar, met au jour un somptueux théâtre de l’intranquillité. Cena Aberta ou Antitese da Calma, deux peintures de 1940, dévoilent avec une puissante délicatesse les dérèglements tragiques du « monde civilisé ». Non chronologique, la suite du parcours révèle un artiste atypique. Arrivé à Paris en 1947, Dacosta reste en France, cesse de peindre, se consacre à l’écriture, avant de revenir à la peinture à partir de 1975. Il ne la quittera plus. Chacune de ses œuvres apparaît comme une expérience unique, irremplaçable. Au plus fragile de la surface de chaque toile, la matière picturale évoque une grave méditation (A Flor, a Mascara e eu Adolescente, 1987), une puissante énergie jubilatoire (Sereia, 1983), une sourde inquiétude (Sem titulo, 1987). Avec toujours une dense présence et une énorme liberté. Au cœur du Bairro Alto de Lisbonne, la Galerie Ratton présente soixante-cinq œuvres de petite dimension. Les prix oscillent entre 1 500 et 18 000 euros.

« Antonio Dacosta 1914/2014 », Centre d’art moderne Gulbenkian, Rua Dr Nicolau Bettencourt, Lisbonne (Portugal), www.descrobir.gulbenkian.pt

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Dacosta : le théâtre de l’intranquillité

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