Commode, comique et astucieux, le parcours de l’exposition est dès l’entrée signalé au sol par soixante-trois figures de chien, chat, canard, lapin, girafe et autres animaux. Autant que le nombre de cases du jeu de l’oie que Benjamin Rabier (1864-1939) réalise en 1906 en dessinant ces gentils compagnons qui rient, pleurent, grimacent, font mille tours et surtout parlent.
Sous la main de leur maître, ils dialoguent avec plus de sagesse et de finesse que les humains. En quelques traits précis, adoptant la ligne claire, privilégiant les aplats de couleurs, utilisant l’encre de Chine noire pour détourer chaque dessin, Rabier se plaît à railler à travers ces porte-paroles à quatre pattes nos comportements. Il réalise plus de six mille dessins de presse et signe deux cent cinquante albums, qui composent un véritable cycle d’« histoires en images », ancêtres de la bande dessinée. Les mots de Gédéon, Bobine, Aglaé et Flambeau ont fait le bonheur de plusieurs générations d’enfants. D’adultes aussi, car Rabier croque des satires acides que publient Le Rire ou L’Assiette au beurre, dont on voit des exemplaires originaux. Outre ses célèbres illustrations de Buffon et de La Fontaine et ses emblèmes commerciaux, on découvre que Rabier est le créateur de petits films d’animation où virtuosité et humour se croisent, comme le montrent les quatre extraits présentés. Pendant dix ans, il développe la technique de la projection grâce à l’usage de la lanterne magique, un mot qui éclaire bien cette rétrospective.
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Les mots de Benjamin Rabier
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’illustration jeunesse, 26, rue Voltaire, Moulins (03), www.mij.allier.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Les mots de Rabier