Fous, enfants, artistes de rue… Quand bien même leurs créations intéressent de plus en plus les institutions, on hésite toujours à les appeler « artistes ». Ils sont actuellement à l’honneur au LaM.
Avec sa particularité d’abriter, au côté des collections d’art moderne et contemporain, une section dédiée à l’Art brut, le musée consacre actuellement aux marginaux de l’histoire de l’art une exposition de quelque quatre cents pièces, « L’Autre de l’art », sous-titrée « Art involontaire, art intentionnel en Europe, 1850-1974 ». Son propos ? « Établir une nouvelle cartographie qui brouillerait volontairement les frontières entre art populaire et art savant », explique la commissaire Savine Faupin dans le fort intéressant catalogue de l’exposition. Cette dernière s’ouvre avec les productions des anonymes, comme ces aliénés dont le docteur A. F. Browne, en Écosse, fut l’un des tout premiers à collecter et à exposer les productions au XIXe siècle. À leur suite, sous le regard de Brassaï, qui photographia des graffitis à une époque où l’art étendait ses territoires en regardant les arts d’Afrique et d’Océanie, d’André Breton ou de Jean Dubuffet, les créations des non-professionnels de l’art ont gagné un écho croissant. « L’Autre de l’art » pose la question du statut de ces productions, tout en interrogeant l’origine du geste pictural – celui des artistes à la recherche d’une « enfance de l’art », à l’instar de Picasso, Chaissac ou du mouvement CoBrA, ou encore celui de Mary Barnes, icône de l’antipsychiatrie, qui construisit son œuvre au long d’un voyage régressif « au bout du possible de l’homme ». Une seconde exposition, « L’invention du lieu, Résistance et création en Gévaudan », plongée captivante au cœur de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, en Lozère, prolonge ce parcours. Fondé à la fin de la Seconde Guerre mondiale par deux psychiatres, François Tosquelles, combattant de l’Espagne républicaine, et Lucien Bonnafé, proche des surréalistes, cet asile fut aussi un refuge de la Résistance, où transitèrent Paul Éluard ou Tristan Tzara, et devint un lieu de liberté, de dialogue et d’intense création. Un manifeste humaniste et artistique en actes.
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Artistes sans frontières
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Artistes sans frontières