Les oreilles décollées et surdimensionnées, les yeux globuleux sous des paupières lourdes, les lèvres minces et pincées en une moue dédaigneuse, les pommettes saillantes et les joues creusées… C’est sous ces traits implacables et sévères que le pharaon Sésostris III accueille le visiteur du Palais des beaux-arts de Lille.
Bien moins séduisant que le jeune Toutankhâmon disparu à la fleur de l’âge, bien moins célèbre que le grand Ramsès II dont le temple colossal d’Abou Simbel défie encore les siècles, ce pharaon du Moyen Empire qui régna entre 1872 et 1854 avant notre ère fut pourtant un habile stratège qui réforma en profondeur les rouages administratifs de son pays et sut étendre les limites de son vaste empire vers le nord comme vers le sud.Incarnant la figure du souverain par excellence jusqu’au Nouvel Empire, Sésostris III devait également renouveler profondément l’art de la statuaire. Rompant avec des millénaires de représentations canoniques (le pharaon est toujours figuré sous les traits lisses et pleins d’un être éternellement jeune), il élabore alors un nouveau type d’effigies aux traits marqués censées véhiculer les notions de pouvoir et d’autorité. Soit une « stratégie de communication avant l’heure », pour reprendre les termes mêmes de l’égyptologue Guillemette Andreu-Lanoë, qui assure aux côtés de Fleur Morfoisse le commissariat de cette passionnante exposition.
Loin d’être aussi austère que les portraits de son auguste souverain, le règne de Sésostris III fut aussi un véritable âge d’or pour l’orfèvrerie. En témoigne cette somptueuse ceinture aux têtes de léopards de la princesse Sithathoryunet, digne de Cartier, ou bien encore ce bracelet de cheville alternant perles d’améthyste et pendeloques d’argent. Tout aussi spectaculaire est la reconstitution en 3D de la chapelle funéraire du nomarque (chef de province) Djehoutyhotep : grâce à cette illusion quasi parfaite, le visiteur aura l’impression physique d’entrer réellement dans une tombe égyptienne. Frisson esthétique garanti !
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L’âge d’or de Sésostris III
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : L’âge d’or de Sésostris III