Joseph Mallord William Turner est sans conteste la star de l’histoire de l’art anglaise que Londres se plaît à présenter régulièrement.
Après la National Gallery en 2012 qui rapprochait son œuvre de celle de Claude le Lorrain, la Tate Britain s’intéresse à la période tardive du peintre, de l’année de ses 60 ans à sa mort (1835-1851). Dans ces quinze dernières années de création, la critique comme ses confrères ne sont pas tendres. On le dit fou, mentalement dérangé, voire aveugle, on le tourne en ridicule dans le bulletin du magazine littéraire Athenaeum en 1842 : « Ici [Turner] a utilisé [pour peindre] tout ce qui se trouvait dans sa cuisine. » La première salle de l’exposition londonienne présente donc un homme vieillissant (ses lunettes et son masque mortuaire n’étaient peut-être pas nécessaires pour le comprendre), obsédé par la lumière dans laquelle s’évanouissent les motifs de ses œuvres, modifiant largement ses tableaux sur place quelques heures avant le vernissage de l’exposition annuelle à la Royal Academy. En 1847, il y présente une de ses toiles peintes entre 1800 et 1810, représentation classique d’une forge sur laquelle il ajoute un large halo de lumière vibrante et tourbillonnant autour de la statue de bronze de Wellington de Matthew Wyatt. Le geste d’un fou pour ses contemporains, la synthèse d’un cheminement artistique pour les commissaires de l’exposition. Au lieu de fou, le parcours présente un peintre (presque) libéré des carcans de la représentation figurative du XIXe siècle et qui touche la modernité de la fin du siècle. Une modernité qui s’exprime dans la recherche permanente des moyens de capter un monde et une nature en mouvement. Mais le choix de l’exposition thématique, qui mêle peintures destinées à la Royal Academy et esquisses à l’huile d’un artiste n’ayant plus la préoccupation de vendre, ni de se vendre, empêche de suivre intuitivement ce cheminement. Il faut se diriger dans la galerie supérieure vers l’œuvre de l’artiste contemporain Olafur Eliasson conçue en écho à l’exposition Turner pour voir les premières toiles du peintre anglais de paysages classiques et mesurer le chemin parcouru.
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Ce vieux fou de Turner
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Abonnez-vous dès 1 €Tate Britain, Millbank, Londres (Grande-Bretagne), www.tate.org.uk
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Ce vieux fou de Turner