L’adolescence, âge ingrât

Des plasticiens reconnus, tels Adel Abdessemed et Boris Achour, côtoient le couturier Hedi Slimane ou encore le designer industriel Matali Crasset. Des poulbots de Doisneau aux jeunes taggeurs d’aujourd’hui, le visiteur déambule dans un espace saturé d’images, à la façon d’une chambre d’ado lambda envahie de posters en tout genre. Cette manifestation est structurée en quatre chapitres (musique, révolte, mode et passions) qui abordent les questions liées à cet âge qui est celui de toutes les fragilités mais aussi de tous les possibles. On se penche sur le rapport à l’environnement culturel, à la mode et à la musique, en tant que facteurs de construction de l’identité, puis on s’attarde sur les métamorphoses du corps ainsi que sur la place que la société accorde à ces gamins qui n’en sont plus. Bref, l’ado est étudié sous tous les angles. Un artiste comme Erik Van Lieshout montre bien, avec son installation vidéo Respect (2003), comment le « conformisme de la rébellion » des teenagers peut vite glisser vers une violence urbaine imprégnée de bling-bling et de machisme. D’autres plasticiens se montrent bien plus tendres envers cet âge transitoire, propice aux choix d’avenir et aux nouvelles expériences. C’est le cas de la photographe Elina Brotherus qui, en photographiant une jeune voyageuse contemplant un paysage enneigé à la Caspar David Friedrich, rappelle le puissant romantisme qui anime la jeunesse.