Le cousin Armand

Dans cette enclave wallonne au cœur de la capitale de la France sont accrochés, dans une scénographie synaptique, cent quatorze dessins et gravures de Félicien Rops, Max Klinger et Alfred Kubin, auxquels est associé un quatrième larron : Armand Simon (1906-1981). Son nom ne vous dit rien ? Il ne parle qu’aux seuls spécialistes du surréalisme belge, auquel l’artiste fut associé. Mais l’exposition entend bien le réhabiliter en l’inscrivant dans la généalogie de ses illustres aînés. Autant le dire, si Armand Simon connaissait le travail de ses prédécesseurs (à l’exception, a priori, de celui de Klinger), le rapprochement est tiré par les cheveux : quand les trois maîtres de l’art fantastique excellent dans le dessin ou la gravure, le surréaliste est plus proche des créations autodidactes de l’Art brut. Lorsque les premiers construisent savamment leurs compositions, le dernier lâche sur sa feuille ce qui lui vient à l’esprit. Un esprit troublé par les événements marquants de son enfance : le spectacle du viol de deux jeunes filles décédées peu après avoir joué avec une grenade dégoupillée. Il en résulte des images de vulves dévoreuses, de têtes coupées, de pénis épinglés… Cet Éros et Thanatos qu’il faut donc aller rechercher à l’ombilic freudien des rêves et qui fonctionne si admirablement à proximité des œuvres de Rops, Kubin, Klinger, ses aïeuls. Car, si tous ces artistes ne se comparent pas, ils appartiennent assurément à la même famille descendants de Bosch et de Goya. À Armand Simon d’en être le cousin, certes éloigné, mais un cousin tout de même.