La Direction des affaires culturelles de l’océan Indien (Dac OI) a coorganisé à la Réunion fin septembre les deuxièmes Entretiens du patrimoine de l’océan Indien (EPOI). Dans quelle mesure les pays de cette zone partagent-ils un patrimoine commun?
Marc Nouschi La zone indiano-océanique réunit des pays qui ont la même origine, car ils ont été peuplés essentiellement par des marins, c’est une zone qui est fondamentalement née de l’immigration et du métissage. Ce passé commun est notamment perceptible dans leur architecture coloniale d’inspiration pondychérienne. En ce qui concerne le patrimoine naturel, la question de l’endémisme est également commune à ces îles vertes. Le végétal est omniprésent dans leurs paysages grandioses, mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme le jardin, qui fait partie intégrante de l’identité créole. La dominance et la grande diversité des verts ont d’ailleurs toujours frappé les visiteurs, des premiers voyageurs à aujourd’hui.
Quel est le statut du patrimoine naturel à la Réunion, est-il reconnu, suffisamment protégé ?
Un des objectifs des EPOI est de provoquer un choc dans l’opinion publique et chez les décideurs politiques afin que le vert structure à l’avenir davantage les plans locaux d’urbanisme. Depuis la départementalisation de l’île en 1946, il y a un accroissement démographique extrêmement important, une pression foncière et un mitage progressif des paysages. Cette prise de conscience repose d’abord sur des inventaires ; à l’occasion du colloque, nous avons invité le photographe Marc Heller et le paysagiste Olivier Damée à réaliser une campagne de reconnaissance aérienne et à nous livrer un état des lieux des jardins et un bilan de la façon dont l’emprise urbaine a grignoté les espaces verts en comparant ces photos avec celles réalisées il y a une vingtaine d’années. Il est aujourd’hui indispensable de réfléchir à comment établir dans les schémas d’aménagement régionaux un équilibre entre le bâti et la préservation des paysages. C’est un enjeu politique essentiel pour la Réunion, comme pour nombre de ses voisins, d’où la volonté de réunir dans les EPOI une dizaine de pays afin d’échanger des expériences, des savoir-faire, et de s’inspirer de bonnes pratiques et de modes de gouvernance. Par ailleurs, le colloque international ne se limite pas aux seuls historiens et chercheurs, mais fait également participer des personnes de terrain, comme les agents du Centre national de la fonction publique territoriale, afin de les sensibiliser à ces problématiques.
Outre la préservation, avez-vous des projets de valorisation des jardins et des paysages ?
Nous travaillons actuellement à la création d’une Route des musées et des jardins, un projet fondamental pour favoriser l’itinérance et l’attractivité des différents territoires de l’île, un peu sur le modèle de la Garden Road mise en place en Afrique du Sud. Il s’agit non seulement de créer une signalétique, mais aussi de procéder à un travail de fond sur notre patrimoine, qui consiste notamment à restaurer, rénover et mettre à niveau à la fois les jardins et les musées. La première phase du projet sera effective au premier semestre 2015. Par ailleurs, il y a un autre grand projet transnational qui est de réveiller au sein de l’union internationale des jardins botaniques l’association des jardins de l’océan Indien. Au cours des dernières années, nous avons créé un marché des musiques de l’océan Indien, un réseau des écoles d’architecture, la troisième étape sera un réseau des jardins botaniques de l’océan Indien.
Directeur des affaires culturelles océan Indien depuis 2011, Marc Nouschi a auparavant été directeur du Drac de Champagne-Ardenne et a dirigé plusieurs instituts français
EPOI
Les deuxièmes Entretiens du patrimoine de l’océan Indien ont réuni à Saint-Denis de la Réunion une cinquantaine de chercheurs et professionnels, issus de dix pays, les 29, 30 septembre et 1er octobre 2014.
40 %
De la surface de la Réunion est inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
« La Réunion incarne le concept d’île-jardin, il s’agit d’un jardin petit et fragile, paradisiaque mais qui peut aussi être expérimental. » Karine Lombard, Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la Réunion, EPOI, 29/09/14.
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Marc Nouschi - Le patrimoine naturel de la Réunion
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Marc Nouschi - Le patrimoine naturel de la Réunion