Les photographies de Claude Batho (1935-1981) ne s’oublient pas. On les garde en tête et on les retrouve toujours avec le même plaisir que celui que l’on a à se plonger, replonger, dans un album de famille.
Il n’est pas le nôtre, mais la charge émotionnelle de ses portraits – d’enfants, de grand-mère, de chat ou de poules – et de leur cadre de vie évoque, par les détails, les instants ou situations ordinaires que Claude Batho en prélève, l’intimité d’une vie de femme. De 1972 à sa disparition prématurée, Claude Batho (née Claude Louise Bodier) a photographié en noir et blanc son univers, ses objets usuels et ses deux fillettes, dont Delphine qui deviendra un temps ministre sous François Hollande. Tout particulièrement la dernière année de son existence qu’elle savait menacée. Enfant endormie sur le canapé, bouilloire sur un fourneau, bassine débordant de linges lavés, oreiller blanc adossé à un lit en fer ou vase sur un rebord de cheminée : l’intériorité chez Claude Batho colle au décor de sa maison, à ses objets, et aux gestes qu’ils sous-tendent tandis que les regards ou les attitudes des enfants portent leur bouleversante candeur ou gravité. Le sensible comme la grande pudeur retenue, contenue, dans chacune de ses images, y compris dans celles de ses paysages ouvrant à des vallons et des arbres épanouis sous la brume d’une pluie d’été ou d’un givre hivernal tenace, renvoient à son sens du beau et du fragile dans l’ordinaire. Coproduite avec le Centre d’art et de recherche GwinZegal à Guingamp, et réalisée avec la complicité de son mari, le photographe John Batho, cette émouvante rétrospective retraverse une œuvre où le « je » se fond avec le « nous ».
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La beauté silencieuse du bonheur
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Abonnez-vous dès 1 €« Claude Batho. La poésie de l’intime », musée Nicéphore Niépce, 28, quai des Messageries, Chalon-sur-Saône (71), www.museeniepce.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : La beauté silencieuse du bonheur