La discrète - Setsuko Klossowska de Rola

ARTISTE - Quand elle a téléphoné à Benoît Astier de Villatte, Setsuko n’avait aucune arrière-pensée si ce n’est de converser avec celui qu’elle avait connu nourrisson à l’Académie de France à Rome où ses parents, pensionnaires, étaient des proches du couple qu’elle formait avec Balthus. De leurs retrouvailles à Paris sont nées un an plus tard les collections Setsuko et Grand Chalet, deux ensembles distincts de pièces en céramique dont une sculpture, un très séduisant tronc d’arbre creux qui pourrait donner lieu à d’autres pièces uniques. Setsuko n’avait jusqu’à présent jamais créé de céramique. Le rapport à la matière, à la main qui coud le kimono, façonne la terre, prépare les couleurs et la toile, est important pour elle, comme le rapport à la nature qui la conduit avec Balthus à s’installer en Suisse, à Rossinière. Balthus : l’époux qui lui a permis « d’être ce qu’elle est ». Dessin ou peinture : le cheminement en autodidacte dans la création, entamé à Rome, s’est fait sous l’œil attentif du Roi des chats, dont elle a peint, sous sa direction stricte et sévère, les dernières toiles. « Après son décès, je suis sortie du tableau et j’ai commencé mon propre chemin. » Sans jamais encore avoir réussi toutefois à être satisfaite du portrait de Balthus entamé depuis vingt ans, ni encore avoir obtenu la garantie qu’à la Villa Médicis au moins une chambre retrouve les murs et les mobiliers que l’artiste avait en son temps imaginés pour elle. La réédition par Astier de Villatte de la lampe sur pied que Balthus créa est donc un premier pas.