Le sujet est vaste et ardu. Que peut une image ?, l’ouvrage publié par le Bal et le Cnap [Les Carnets du Bal, 223 p., 22 €] embrasse un maximum de domaines pour tenter de répondre à la question.
Deux interrogations taraudent suite à la lecture de cet ensemble de treize articles. Une image picturale peut-elle la même « chose » qu’une image photographique ? Quant à l’image photographique – ou cinématographique –, peut-elle la même chose qu’une image journalistique ? Était-il donc pertinent de mettre au même niveau ces catégories ? Surtout, quelle est cette « chose » que « peut » l’image ? Les articles se succèdent sans jamais interagir les uns avec les autres. Aucune analyse globale n’est proposée, et l’on peine à en conclure quoi que ce soit, quand on arrive à comprendre où veulent en venir certains auteurs. Ainsi en est-il de l’article de Thomas Hirschhorn, dans lequel l’artiste parle davantage de sa série Touching Reality qu’il ne tente de répondre à la question : « Je vais tenter d’expliquer en huit points pourquoi il est important aujourd’hui de regarder des images de corps humains détruits. »
L’article – un des plus intéressants avec ceux de Bruno Serralongue, Jacques Aumont & Giovanni Carreri – qu’Ada Ackerman dédie à la difficulté de transposition de la théorie politique à l’écran, c’est-à-dire à transposer le mot en image, rejoint la difficulté inverse : celle de transposer l’image en mot. Comme l’écrit Jacques Aumont : « La plupart des images, pour être comprises, doivent être l’objet d’une interprétation : il faut leur ajouter un savoir, un texte… L’image est réputée avoir une force émotionnelle plus grande que le texte, par une espèce d’immédiateté sensorielle qui frappe les sens et l’esprit… Même les images que leur finalité contraint à délivrer un sens univoque n’y échappent pas : le sens doit être éclairé de l’extérieur, par un texte plus ou moins explicite. » Soit. Si la plupart des articles contextualisent l’image pour mieux la faire comprendre, la majorité d’entre eux n’apporte pas d’élément de réponse à la question posée. Il suffit pourtant parfois seulement d’une phrase comme celle de Jacques Aumont, « la capacité de l’image de faire voir, activement, et pas seulement de laisser voir », pour nous mettre sur la voie de la réflexion.
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Que peut ce livre pour l’image ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Que peut ce livre pour l’image ?