Vous dirigez le Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et êtes candidat à
la succession de François Hébel à la direction des Rencontres de la photographie d’Arles.
À quoi sert un festival photo aujourd’hui ?
François Cheval - Dans cet univers saturé d’images, il y a un besoin urgent de s’arrêter un moment pour réfléchir au statut des images et des personnes qui les fabriquent. Un festival doit « désaturer » l’œil, aller à l’essentiel : au-delà de ce que l’on voit tous les jours pour comprendre le monde complexe des images mécaniques. Aussi sa programmation doit-elle privilégier la qualité des expositions plutôt que la quantité, et ne pas rentrer dans cette inflation et cette accumulation auxquelles nous sommes tous confrontés. Une programmation avec un nombre
réduit d’expositions, de même qu’un nombre circonscrit de photographies permet d’y voir plus clair. En photographie, il y a toujours eu une propension à en dire trop, à montrer beaucoup trop.
Faire un festival généraliste n’est-il pas devenu plus compliqué qu’il y a dix ans ?
La question se posait de la même manière dans les années 2000.
Le festival traquait déjà le vivant et l’expérimentation. Il a toujours été un moment de lutte contre l’ignorance et une recherche d’innovation dans les formes de monstration.
La dualité entre photographie documentaire et plasticienne a-t-elle toujours sa raison d’être ?
Absolument pas. Est-ce que Patrick Tosani ou Jean-Luc Moulène font
du document ou de la fiction ? Sont-ils plasticiens ? Existe-t-il une différence entre leur travail et celui, par exemple, d’Antoine d’Agata, de Stanley Greene ou de Mathieu Pernot ? En vérité, la photographie est une. Mais elle fait appel à des stratégies complémentaires et différenciées. Elle est une parce qu’elle pose la même question, à savoir notre relation au monde par l’intercession d’un appareil.
L’avenir d’un festival ne passe-t-il pas par une structure permanente ?
Je ne le crois pas. Il est préférable de développer des structures légères. Il est préférable d’investir dans l’intelligence des personnes, dans la fabrication d’œuvres, dans la médiation, dans la mise en place d’un réseau de correspondants à l’étranger.
À la différence des autres festivals photo, Les Rencontres de la Photographie d’Arles sont payantes, les recettes de billetterie assurent 40 % de leur budget. Les Rencontres peuvent-elles se permettre d’être gratuites ?
Dans une société frappée par le chômage de masse, la précarité, y compris celles des photographes, quand la déraison progresse, la question de la grille tarifaire n’est pas une question anecdotique.
Les conditions tarifaires ne doivent pas être restrictives, aussi doivent-elles faire l’objet d’une étude précise. L’argent ne doit pas être une condition préalable à l’accès au savoir et au plaisir de la découverte. Un festival photo ne doit pas oublier pour qui il travaille.
Né à Belfort en 1954 et titulaire d’une maîtrise de lettres et d’histoire, François Cheval a dirigé de 1988 à 1996 le Frac Franche-Comté avant de rejoindre le Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône en tant que conservateur, musée qu’il dirige depuis 2000.
C’est le prix du forfait pour toutes les expositions des Rencontres d’Arles (une entrée par lieu), 29 euros tarif réduit et 28 euros le forfait à la journée.
« Il serait sans doute temps que les Rencontres d’Arles s’interrogent sur leur public – qui vient à Arles ? Pourquoi ? – et sur leur manière de l’accueillir. »
Joan Fontcuberta, directeur artistique des Rencontres en 1996, Journal des Arts n° 28.
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François Cheval - A quoi servent les rencontres ?
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Abonnez-vous dès 1 €Fondées en 1969 par le photographe Lucien Clergue, l’ancien conservateur des musées d’Arles Jean-Maurice Rouquette et l’écrivain Michel Tournier, c’est le plus vieux festival en France de la photographie et le plus important au monde.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : François Cheval - A quoi servent les rencontres ?