« J’ai d’abord commencé par faire des choses par ennui. » Par ennui, par pingrerie, par hasard ou par chance. C’est ainsi que crée, selon ses propres mots, l’artiste allemand Thomas Schütte, auquel la Fondation Beyeler consacre une exposition autour de la figure humaine.
Par ennui donc, seraient nées les sculptures United Enemies à Rome à l’été 1992, devenues en 2011 les impressionnants et indescriptibles hommes de bronze aux trépieds de bois, ficelés deux à deux dans le hall de l’institution bâloise. Trente ans de création sont réunis dans ses salles, témoignant d’une œuvre fascinante, déroutante et résistante à toute interprétation. Les références historiques ne semblent d’aucune aide, la chronologie de sa création encore moins. Ce qui reste de l’œuvre de Thomas Schütte, outre la force et l’humanité de ces figures, est le processus créatif, l’art lui-même né des mains de l’artiste un jour d’ennui, par le geste du hasard, dans l’impressionnante diversité des matériaux qu’il travaille.
Plus dense qu’à la Serpentine Gallery l’an dernier, la scénographie de la Fondation met précisément en scène les variations que le bronze, le verre de Murano, la céramique, l’acier ou l’aluminium induisent sur une même tête sculptée… Les œuvres de Schütte parlent de la dureté du bronze, de la séduction du métal poli, de la puissance des ombres créées par la photographie noir et blanc, du langage des couleurs (verre noir opaque ou rouge translucide) et de la maîtrise des échelles, par un artiste qui fut d’abord connu pour ses maquettes d’architecture. Et du hasard toujours, comme cette larme formée sur la joue de Troisième Sœur par la cire qui a coulé lors du modelage de ce portrait de bronze.
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La création selon Thomas Schütte
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Bâle (Suisse), www.fondationbeyeler.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : La création selon Thomas Schütte