Une exposition sur Le Nôtre (1613-1700) en clôture des célébrations du 400e anniversaire de sa naissance, cela n’a rien de surprenant.
Elle réserve pourtant des surprises quand ses deux commissaires, Patricia Bouchenot-Déchin et Georges Farhat, dévoilent, à travers un parcours d’une richesse documentaire exceptionnelle, le portrait d’un homme bien éloigné du gentil jardinier muni d’une bêche et d’un râteau. La visite s’articule en trois parties : l’homme, son art et sa modernité. Le spectateur découvre ainsi son salon orné de chefs-d’œuvre : Le Christ et la Femme adultère, commandé à Poussin, mais aussi ceux du Lorrain et du Dominiquin, soit une infime partie de sa fabuleuse collection de peintures, médailles, bronzes, marbres antiques, que le Bernin lui-même venait admirer. Le Nôtre est un homme riche, puissant, qui a su développer de nombreux réseaux. Il connaissait Fouquet avant Vaux-le-Vicomte, il fut l’homme de Louis XIII et bénéficie auprès de Louis XIV d’un traitement hors du commun : à 44 ans, il est nommé contrôleur général des Bâtiments. Il connaît Mignard, ou Le Brun, peintre de Louis XIV, rencontrés dans l’atelier de Simon Vouet. C’est du reste auprès de ce dernier qu’il acquiert le goût du naturalisme, un talent à combiner les arts pour composer un décor et des techniques nouvelles, notamment celle de l’anamorphose, pour traiter les perspectives.
Dès 1660, Louis XIV lui commande des travaux sur ses résidences royales : Versailles, puis le Grand Trianon, Marly et Fontainebleau ; en 1661, ce sont Compiègne, Vincennes, Saint-Germain, les Tuileries, Chambord. Il est également sollicité par la famille royale, les maîtresses royales, les ministres et les souverains étrangers. Il répond aux nombreuses commandes sans se déplacer. La somme de croquis de bosquets, parterres, broderies, fontaines et plans, dont certains sont annotés de sa main atteste le rôle essentiel joué par le dessin, de la conception à la réalisation. Lesdites réalisations se donnent en perspectives dans les salles suivantes sous la forme d’impressionnants tableaux. Quant à la stupéfiante maquette de verre de 15 m de long reproduisant le Grand Axe de Versailles, elle met en évidence les effets d’illusion d’optique obtenus en combinant l’usage de deux procédés : les collimations et l’anamorphose, que Le Nôtre porte à la perfection à Versailles. Intuitif, visionnaire, pragmatique, ce grand « créateur de jardins » fut un acteur majeur des évolutions de son temps dont de nombreux protagonistes contemporains se sont inspirés.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
André le jardinier éclairé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €château de Versailles, Versailles (78), www.chateauversailles.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : André le jardinier éclairé