Jusque-là, et aussi étrange que cela puisse paraître, Raymond Depardon n’a pas fait l’objet d’une exposition rétrospective de son œuvre. Aussi, lorsque le Grand Palais l’a invité à exposer, la question s’est posée : quoi ?
Pour lui et Hervé Chandès, directeur de la Fondation Cartier, l’évidence de la photographie en couleurs s’est imposée au regard des derniers travaux, films et expositions, et de la commande également réalisée pour la Datar en 1984 sur la ferme du Garret, où il a grandi et qui fut pour lui « la révélation de la couleur ». « C’est le plaisir de la couleur que montre “Un moment si doux” », dit Depardon en référence au titre donné à l’exposition, et bien avant elle à cette boîte remplie durant toutes ces années de tirages en couleur inédits, réalisés en parallèle de ses différents travaux en noir et blanc. « La couleur, c’est ce que l’on connaît le moins de lui et que lui connaît le moins dans son œuvre », souligne Hervé Chandès, son ami, sans qui le photographe de Magnum n’aurait sans doute pas développé tout ce pan de travail sur la couleur.
« Hervé Chandès est mon révélateur », dit le photographe. Et l’auteur d’une exposition dans laquelle on n’arrive malheureusement pas à entrer, desservie par une construction et une scénographie qui propulsent le visiteur dans un immense espace où les photographies en petit format – qui constituent
les deux tiers de l’expo – se perdent, y compris la très belle série inédite sur Glasgow. Et ce, au profit de photographies grand format issues d’une nouvelle production d’images spécialement réalisées pour cette exposition, et de deux grands formats tirés à partir d’images prises au Chili en 2007, qui ne convainquent pas davantage, excepté pour celle placée en préambule du parcours. Ce parti pris pose d’ailleurs la question de la pertinence du grand format en photographie. N’aurait-il pas mieux fallu rentrer plus précisément dans l’évolution de l’écriture visuelle de Depardon, et voir en quoi notamment elle se distingue de celle en noir et blanc, au lieu de rester dans un éloge de l’œuvre ?
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Depardon, un éloge discutable de l’œuvre
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Abonnez-vous dès 1 €Grand Palais, galerie Sud-Est, av. Winston-Churchill, Paris- 8e, www.grandpalais.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : Depardon, un éloge discutable de l’œuvre