Erik Boulatov d’actualité, HÉLAS !

Cette Liberté directement empruntée à Delacroix dans une mise en page manifeste projette en avant la figure éponyme du tableau, drapeau au vent, et celle du titi parisien, pistolet pointé vers le ciel en signe de victoire. Sur le mode graphique, le mot LIBERTÉ, en composition perspectiviste, les encadre tous deux à droite et à gauche, comme un slogan publicitaire.

Fondateur d’un groupe d’artistes dissidents, à Moscou, dans les années 1960, Erik Boulatov, né en 1933, fut longtemps banni des cimaises soviétiques. Apparu pour la première fois en Europe en 1988, à la Kunsthalle de Zurich, il s’est installé tout d’abord aux États-Unis, puis à Paris, pour s’imposer rapidement sur la scène internationale. Figuratif, son art en appelle à tous les genres de la peinture et décline une iconographie mêlée de références tant à l’esthétique soviétique et au graphisme constructiviste qu’à une histoire de l’art plus classique ou à la publicité.

Dans un questionnement sur la peinture et la société contemporaine, son travail relève d’une esthétique iconoclaste liant image et langage dans un raccourci du sens qui fait de chacun de ses tableaux comme un tract à l’entendement universel. L’exposition monégasque témoigne de la vivacité d’un art qui n’a rien perdu de sa verve plastique en des temps – hélas ! – où perdure ici et là le combat pour la liberté.