Invitation à entrer dans le verger ou le pré, à flâner jusqu’à la ferme ou la mare, le chemin s’offre d’abord aux pas du visiteur étonné.
L’affection de Pissarro envers ces coins de nature le change vite en promeneur comblé. Parmi les soixante-dix-neuf œuvres que réunit l’exposition, une trentaine de tableaux dans lesquels le chemin est le vecteur privilégié de cette proposition d’avancer prouve combien pour Camille Pissarro (1830-1903) la notion de passage reste, au fil des années, primordiale. Ligne axant le décor et autour de laquelle se plantent les arbres, s’installent les maisons, s’agrègent les personnages et les nuages, le chemin est moins un moyen de progresser qu’une perspective proposée au regard afin qu’il embrasse peu à peu tout le paysage. Chemin de Marly (1870), Chemin d’Ennery (1874), Chemin de Le Chou (1878), Sente de la Ravinière, Osny (1883), sous la neige ou le soleil, ils sont bordés d’arbres, passent entre deux meules, épousent la courbe de l’Oise.
Que ce soit une allée de terre, une ruelle à parcourir ici, une côte à gravir là, ce thème visuel introduit la narration d’ensemble. Quand ce n’est pas un chemin et une route, un boulevard, des ponts et des quais deviennent alors la direction qui, en s’imposant au centre de la composition, conduit les yeux vers ce qui attire le peintre : les activités citadines et portuaires.
Le long du Boulevard Montmartre, matin d’hiver à Paris, s’étirent les mêmes cohortes de voitures à cheval que sur Le Pont Boieldieu, effet de brouillard à Rouen. Comme toujours, « l’humble et colossal Pissarro », selon les mots de Cézanne, construit ses tableaux par petites touches précises et serrées pour mieux moduler leur lumière.
Musée Thyssen-Bornemisza, Paseo del Prado 8, Madrid (Espagne), www.museothyssen.org
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Pissarro montre le chemin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Pissarro montre le chemin