Une jeune fille, au visage bandé, gît à même le sol (La Belle Victime 1, 1974). Le soleil inonde une pièce dont on ne perçoit que les plinthes, comme tirée d’un tableau d’Hammershoi.
Mais qu’en est-il vraiment de cette fillette ? Souffre-t-elle ? Dort-elle ? D’un sommeil léger ou létal ? S’agit-il d’une momie ou d’un gisant ? Cette aquarelle résume toute la quête de son auteur, obsédé par l’ambivalence et l’énigme, le doute et l’incertain. Des contrées étranges, souvent troublantes, parfois lassantes.
Né à Vienne en 1948, Gottfried Helnwein est un récidiviste. De ceux qui aiment revenir aux sources du mal, de nos maux. Dessinateur, peintre ou photographe, l’Autrichien sait jouer sur la confusion des genres. Il en a d’ailleurs fait son succès comme sa marque, celle-ci étant reconnaissable entre toutes : la figure humaine malmenée, blessée, quand la beauté est écorchée par la douleur, quand l’innocence est souillée par le sang (Les Désastres de la guerre, 2007). D’où un goût certain pour ce que l’un de ses compatriotes, tout aussi à l’aise dans l’autopsie de l’âme, étudia sous le nom de « tabou ».
Transgresser. Ce maître mot, qui voit l’horreur frayer avec le merveilleux, valut à Helnwein d’être considéré par William S. Burroughs ou revendiqué par les Rolling Stones. Mais ces images déclinées, et à l’Albertina rassemblées, enfantent moins de la gêne qu’un certain ennui. Et deux questions. En dépit de la paronymie, un corps scarifié est-il nécessairement sacrifié ? La souffrance est-elle toujours une offense ?
Albertina, Albertinaplatz 1, Vienne (Autriche), www.albertina.at
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Gottfried Helnwein la chair est triste, hélas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Gottfried Helnwein la chair est triste, hélas