Les Catalanes de Pignon sont de retour à Collioure

Et Collioure, « la Fauve », est un espace pris par la couleur. Mais, à la différence d’un Matisse ou d’un Derain, Pignon ne peint pas les paysages éblouissants de la Méditerranée, il s’intéresse à la place aux dernières vieilles Catalanes qui vivent encore selon les traditions anciennes. Si son travail s’inscrit dans le mythe de la déesse méditerranéenne, ces femmes sont des travailleuses. Pignon les peint hiératiques et altières, un peu raides, toutes de noir vêtues, leurs mains calleuses croisées sur les genoux.
Il y a dans ces personnages des réponses à l’histoire du portrait – pietà, vierges –  des maîtres anciens dont il s’est nourri. La construction architecturale de leur foulard aux plis agencés impacte la position de leur corps et explique l’architecture du tableau. Les Remailleuses de Collioure (1945) montrent comment la culture catalane intervient sur sa façon de peindre. Sa peinture s’inscrit dans le cadre d’une réalité moderne qui trouve son inspiration chez Picasso, avec lequel il a travaillé durant trois ans, et chez Matisse, qu’il a étudié intensément. Son travail associe la ligne du dessin hautement maîtrisée et la matière vibrante des surfaces colorées, celles notamment des barques catalanes aux voiles latines. Le tableau ne restitue pas l’espace dans sa réalité : le cadrage, resserré sur la figure humaine, ne laisse pratiquement pas voir le paysage.
Pignon veut se focaliser sur les derniers témoignages de ce qu’était Collioure. Réalisées durant les étés 1945 et 1946, Les Catalanes sont réunies pour la première fois au Musée d’art moderne de Collioure à travers une soixantaine d’œuvres majeures de cette période et restituées ainsi à l’histoire de ses habitants le temps d’une exposition.