Naïves, archaïques, édifiantes, ces planches de soldats alignés, de poupées à habiller et de paysans simplets ? Des clichés réducteurs s’attachent à ces vignettes qui ont auprès de générations d’enfants sages et de parents nostalgiques assuré le renom d’Épinal, au point que les images imprimées ailleurs ont détourné l’appellation consacrée et en ont profité.
Derrière les historiettes et les devinettes, une autre réalité colore la légende. En tons offensifs. Deux imagiers pendant trente ans se font la guerre. D’un côté, Pellerin, héritier des cartiers du XVIIe siècle, en faveur des tirages rentables et classiques. De l’autre, Pinot, un peintre spinalien, prônant la créativité raffinée et originale. Cette concurrence crée une belle émulation, chacun défendant à coups de nouveautés esthétiques la conquête de sa notoriété. Quand l’un emploie le graveur populaire Georgin pour célébrer la geste napoléonienne, l’autre s’inspire de Raphaël et de Titien pour éditer ses estampes religieuses. Durant la guerre de 1870, l’image sert la politique ici, se fait éducative là. Mais Pellerin triomphe, rachète en 1888 son rival et redevient « d’Épinal » à lui seul.
Malgré une relance grâce aux dessins de Rabier et de Job, aux « réclames » et aux « albums toile », en dépit de l’intérêt de Jarry et de Dufy, l’image se brouille, affronte la bande dessinée et décline. Pour ses dix ans, le Musée de l’image explore les trois cents ans de ce patrimoine et restaure l’image dans son mythe comme dans sa vérité.
Musée de l’image, 42, quai de Dogneville, Épinal (88), www.museedelimage.fr
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Une guerre d’images à Épinal
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Une guerre d’images à Épinal