Abstractions périphériques

L’histoire majeure de l’art abstrait américain s’est écrite à partir des années 1940 avec des maîtres d’œuvre comme Jackson Pollock, Willem De Kooning, puis Barnett Newman et encore Mark Rothko. Cependant, il reste à redécouvrir une autre abstraction, parallèle, voire corollaire. Cette histoire, qui est loin d’être mineure, plutôt périphérique, s’écrit à la Fondation Fernet-Branca à partir des œuvres de Charles Pollock (l’aîné de la fratrie dont on a découvert la carrière dans ces mêmes murs en 2009), Richard Pousette-Dart, Jack Tworkov, Adolph Gottlieb, Hans Hofmann, David Smith et Sam Francis. Coordonné par Francesca Pollock et Otto Hübner, le parcours enchaîne des ensembles d’œuvres et de documents pour chaque artiste, conscient que certains ont échappé au radar de la reconnaissance.
Richard Pousette-Dart est un de ceux que l’on connaît peu de ce côté de l’Atlantique, même s’il participa à la deuxième Documenta de Cassel en 1959 avec Pollock, Tworkov et Gottlieb. Et pourtant, les toiles pointillistes de Pousette-Dart sont remarquables, une des très belles découvertes de cette autre abstraction américaine. Écrite en une centaine d’œuvres parmi lesquelles celles majestueuses de ce grand coloriste que fut Charles Pollock avec un beau panorama de créations, l’exposition ne tente pas de sauvetage forcené (très à la mode dans les grandes manifestations d’art contemporain). Ces artistes ont eu une notoriété, ils n’ont tout simplement pas été des pionniers. Ce n’est pas une raison pour les oublier.