Prix Duchamp - Des candidats à pied d’œuvre

La circonspection semble une fois de plus être de mise cette année au prix Marcel-Duchamp. Non à cause de ses nominés, tout à fait respectables et enthousiasmants – Valérie Favre, Dewar et Gicquel, Bertrand Lamarche et Franck Scurti –, mais bien en raison de l’exposition qui leur était consacrée en préambule au château de Tours tout l’été. Une initiative à l’objectif incompréhensible et au résultat raté qui alternait mariages forcés entre les artistes et salles monographiques relativement plates dans un cadre qui ne se prêtait pas à l’exercice. Si le prix Duchamp a louché du côté du Turner Prize, qui depuis quelques années a délocalisé son exposition des nominés aux quatre coins du pays, il a manqué son passage à l’acte.

Qu’en sera-t-il à la Fiac, au Grand Palais ? Comment rendre moins ingrats les petits stands monographiques souvent mal placés ? Le prix Duchamp va devoir urgemment se poser la question de sa visibilité car, depuis quelques années, l’exercice n’est pas à la hauteur du prix. Doit-il se maintenir à la Fiac ? Le mélange de la compétition lors d’une foire marchande et de la consécration institutionnelle au Centre Pompidou donne un résultat peu lisible.

Quatre solides propositions
Côté contenu, deux des nominés, Valérie Favre et Franck Scurti, ont travaillé leur proposition en lien avec les expositions qui leur sont consacrées en ville par leur galerie respective, Jocelyn Wolff et Michel Rein. La première se concentre sur deux toiles abstraites et énergiques de la série des Fragments, des collages et des fantômes figuratifs, tandis que le second s’engage dans une « rédemption » au travers de trois œuvres créées cette année à partir de fables et de mythes de tous crins. Il y aura du serpent et de la tentation, pour le reste, surprise !

Dewar et Gicquel ont, quant à eux, répondu à la commande d’un collectionneur pour sa pierre tombale ! Ils lui ont proposé un plongeur à tuba version gisant dont le marbre est traité façon Néoprène.

Matière, quand tu nous tiens… Et Bertrand Lamarche est parvenu à synthétiser toutes ses obsessions avec Cyclo City, une nouvelle œuvre qui condense ses lieux fétiches à Nancy, du brouillard, des tunnels ; une zone de non-droit entre réalité et fiction.
Si le prix Duchamp ne sait pas toujours sur quel pied danser, ses nominés, eux, sont bien déterminés et ont mis le paquet pour séduire le jury.