PARIS - Il y a du gonflement, des boursouflures, des couleurs qui claquent, explosent. Il y a une froideur quasi métallique, une profondeur presque sculpturale dans les images d’objets d’Isabelle Champion Métadier.
Objets non identifiables, à la lisière de l’abstraction et de la figuration, ils nagent ou flottent dans une zone énigmatique et réveillent à la fois les jeux de l’enfance et les plaisirs d’une sensualité mature. Ils excitent l’hybridité, l’ambiguïté, les paradoxes. Les seize œuvres exposées dans « Capture » à la galerie Catherine Putman, ne sont plus comme les « Timetrackers séries II & III » présentés en 2010 chez Bernard Ceysson, le résultat de la peinture mais celui d’une rencontre avec l’ordinateur. Isabelle Champion Métadier est entrée dans la sphère numérique comme on entre dans un nouveau terrain de jeu « aussi exigeant, rigoureux, tendu et jubilatoire que l’exercice de la peinture, dit-elle ». Quand elle part de la photographie, elle repère et capte dans ses promenades « des sujets singuliers, complexes. Ce qui m’intéresse, ajoute l’artiste, est de tailler, redécouper, recomposer l’image. » En agrandissant des détails et saturant les couleurs au maximum, en les immergeant dans un fond uni et artificiel, Champion Métadier augmente leur potentiel d’étrangeté et leur puissance de séduction. Et les figures qui apparaissent semblent hériter d’un volume, fabriquer une matière et développer une esthétique et une poésie technologique, froide, implacable. Quant aux dessins numériques, l’artiste procède en « millefeuilles, par superposition. Je commence par dessiner avec la main, au crayon, en noir sur du papier blanc jusqu’à ce que la forme apparaisse, précise Isabelle. C’est cette rencontre et cette dualité entre la sensibilité de la main et la froideur de l’ordinateur presque clinique qui m’ont intéressée. Aussi, j’ai trouvé fascinant qu’avec des tirages réalisés par Franck Bordas, j’arrive à me rapprocher d’une matière sur le papier proche de celle de mes recherches picturales. Cette découverte a cela de remarquable qu’elle m’apparaît avoir des champs de prospection dont l’étendue est illimitée ! ». Champion Métadier, en manipulant les fonctions, les possibilités de la machine, parfois ses hasards, poursuit sa quête obsessive de construire un répertoire mystérieux de signes, de codes, de logos dont le contenu n’appartiendrait qu’à celui qui le regarde. « Depuis une dizaine d’années, je mets en place un dispositif logographique comme un puzzle in progress, une écriture mélangeant toutes sortes d’informations qui se rencontrent, se connectent, se remixent. C’est en quelque sorte, ma marque de fabrique. Les outils numériques m’ont permis d’accentuer l’idée d’hybridité et de paradoxe qu’il contient. »
Côté prix, pas d’excès, comptez pour chaque estampe entre 1000 et 2 300 euros. « On est dans la suite logique des «Timetrackers» mais le travail est nouveau et on a souhaité des prix abordables », conclut Éléonore Chatin, directrice de la galerie Putman.
Jusqu’au 14 janvier 2012, Galerie Catherine Putman, 40 rue Quincampoix, 75004 Paris. tél. : 01 45 55 23 06, www.catherineputman.com, du mardi au samedi de 14h à 19h
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Champion Métadier
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Nombre d’œuvres : 5 à 12
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Nombre d’œuvres : 9 ex.
Gamme de prix : 1 400 €
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°360 du 6 janvier 2012, avec le titre suivant : Champion Métadier