Un film raconte la découverte réçente d’une capitale antérieure à l’antique cité khmère grâce à un hélicoptère et un radar laser.
Oubliez les cohortes de touristes qui escaladent les temples d’Angkor, la glorieuse capitale de l’empire khmer. À une cinquantaine de kilomètres au nord de Siem Reap, se dresse l’imposant massif du Phnom Kulen (« la montagne des litchis ») qui fut l’un des sanctuaires les plus sacrés aux yeux des Cambodgiens. C’est un véritable coup de foudre qu’a ressenti le jeune archéologue français Jean-Baptiste Chevance en visitant pour la première fois ce lieu, en 2000. Il se lance alors dans une grande enquête archéologique faisant l’objet d’un film. L’archéologue remonte, au fil de ses explorations, aux sources de l’histoire et reconstitue, notamment grâce à de nouvelles technologies, cette cité ensevelie.
Jean-Baptiste Chevance n’est pourtant pas le premier archéologue à avoir fouillé le sol du Phnom Kulen. En 1936, Philippe Stern dégagea ainsi deux linteaux de temples, partagés alors entre le Musée de Phnom Penh et le Musée Guimet, à Paris. Une magnifique statue du dieu Vishnu datant du IXe siècle devait également rejoindre les collections parisiennes… Mais le rêve caressé par Jean-Baptiste Chevance est tout autre : il s’agit de dégager les vestiges de Mahendraparvata, la première capitale khmère bâtie vers 800 de notre ère, sous le règne du puissant souverain Jayavarman II.
Une cité monumentale sous la végétation
Pour réussir dans sa folle entreprise, le Français a bénéficié d’une technique de pointe : un système laser de mesure à distance baptisé « Lidar ». Parti de Siem Reap, un hélicoptère a ainsi survolé avec ce radar projetant des faisceaux lumineux dans la canopée une vaste zone de huit fois 4 km, qui s’est révélée être le cœur de l’ancienne cité khmère. L’archéologue et son équipe découvrent alors avec surprise une myriade de sanctuaires, reliés entre eux par des axes routiers, mais aussi un vaste réseau de digues, de bassins, de ponts et de canaux dignes d’une mégalopole ! Pour Jean-Baptiste Chevance, point de doute : par sa sophistication et son ampleur, cette cité ne peut être que Mahendraparvata, la ville que le souverain Jayavarman II a érigée en capitale et où il s’est proclamé aux yeux de tous « souverain universel ». N’était-ce pas là le moyen idéal pour se rapprocher davantage encore des dieux ?
Si les pillards sévissent encore nombreux dans la région (bien des linteaux de temples ont été saccagés au burin), de nombreux vestiges ont été miraculeusement préservés de la destruction, tel cet immense linga pesant plus de 300 kg, découvert tout récemment non loin d’un temple consacré au dieu Civa. Révélée dans toute sa magnificence par le Lidar, l’antique cité de Mahendraparvata conserve cependant encore bien des secrets. Soit l’occasion rêvée, pour Jean-Baptiste Chevance et son équipe, de poursuivre encore pendant de longues années leurs fouilles au cœur de la forêt cambodgienne…
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Avant Angkor
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Abonnez-vous dès 1 €Un film d'Olivier Horn, 2015, 52 minutes, coproduit par ADF (Archaeology and Development Foundation), GEDEON Programmes. À revoir en podcast sur le site de France TV Pluzz.
Légende Photo :
Extrait du documentaire « Aux Sources d'Angkor ». © J.-B. Chevance/Gedeon Programmes.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°442 du 2 octobre 2015, avec le titre suivant : Avant Angkor