Après le succès remporté par les œuvres d’Henri Michaux à Maastricht et Bruxelles, Antoine Laurentin présente une sélection de ses dessins sur papier dans sa galerie parisienne.
PARIS - C’est dans sa galerie du quai Voltaire qu’Antoine Laurentin expose pour la troisième fois des œuvres d’Henri Michaux (1899-1984), artiste qu’il affectionne depuis longtemps. Spécialisé dans les tableaux, dessins et sculptures du XXe siècle, le galeriste accroche une trentaine d’œuvres sur papier, réalisées depuis les années 1950 jusqu’aux années 1970. Il y a deux ans, lors de Tefaf Maastricht, il avait déjà rendu hommage à l’artiste belge sur son stand en y dévoilant des œuvres sur papier (l’exposition à Bruxelles était agrémentée de quelques peintures) et tout avait été vendu. « Nous avions eu un écho formidable. Heureusement, nous avons pu retrouver d’autres Facchetti », explique le marchand.
D’abord attiré par l’écriture, c’est vers 1925, lorsqu’il débarque à Paris, qu’Henri Michaux se tourne vers la peinture et notamment le dessin, avec comme support de prédilection le papier, y compris pour les huiles. Il débute par des lignes de gribouillages énigmatiques, qui deviennent vers 1950-1951 mi-figuratives, mi-calligraphiques, intitulées « Mouvements ». Ces formes à l’encre noire suggèrent des silhouettes, des animaux, des insectes, un univers où les mico-organismes évoluent, rappelant l’intérêt de l’artiste pour les sciences naturelles.
Des dessins sur papier japon très prisés
Henri Michaux a eu plusieurs marchands : Daniel Cordier, marchand historique de l’après-guerre, mais aussi Paul Facchetti, qui aurait acquis plus ou moins tous les dessins à l’encre sur papier japon – d’où leur nom – issus de la série « Mouvements ». L’exposition en présente une douzaine, pour des prix allant de 18 000 à 25 000 euros. « Les Facchetti sur papier japon sont les œuvres les plus recherchées de Michaux, par des collectionneurs essentiellement européens, notamment français et belges. Ce papier, relativement cher, ne se fabrique plus. Il donnait une fluidité de dessin importante », commente Antoine Laurentin.
À côté des Facchetti, la galerie Laurentin présente des dessins mescaliniens et post-mescaliniens, réalisés sous l’emprise de la drogue (la mescaline) pour les premiers et une fois l’effet de la drogue estompé, rétroactivement, pour les seconds. Henri Michaux traverse alors à partir de 1956 une période rendue douloureuse par la disparition de son frère et de son épouse. Il entame un long travail sur les effets des stupéfiants – expériences introspectives psychotropes – d’abord sous couvert d’expérimentation médicale, puis librement, stimulant sa créativité. Il en résulte des dessins hallucinatoires, à l’écriture fractionnée, soit monochromes (sous l’emprise du stupéfiant), comme une sanguine de 1958 (50 000 euros) ou de plusieurs couleurs (post-mescaline), tel le dessin post-mescalinien de 1969, couverture du fascicule édité pour l’occasion.
En ventes publiques, le prix record pour un dessin mescalinien, daté de 1958, a atteint 87 000 euros (Artcurial, mai 2011). « Je n’achète pas aux enchères, mais dans des collections privées. Et si l’œuvre de Michaux est très abondante et ultra-identifiée, c’est un marché de collectionneurs, qui n’est pas spéculatif », souligne le galeriste.
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Des Facchetti de Michaux à la galerie Antoine Laurentin
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 30 octobre, 23 Quai Voltaire Paris 7e, tél.01 42 97 43 42
Légende photo
Henri Michaux, Composition, vers 1959, encre sur papier Japon, 25 x 38 cm. Courtesy galerie Laurentin, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°442 du 2 octobre 2015, avec le titre suivant : Des Facchetti de Michaux à la galerie Antoine Laurentin