La foire londonienne, devenue incontournable pour les antiquités et œuvres d’art, présentait fin juin des pièces de grande qualité dans une ambiance très internationale.
LONDRES - Masterpiece, la luxueuse foire londonienne, a fermé ses portes le 1er juillet sur une note positive. Toujours aussi élégante, à l’atmosphère feutrée et aérée, elle est désormais bien établie dans le calendrier international, une performance réussie en seulement six ans.
Très fréquentée tout au long de la semaine, elle n’a pas désempli selon les marchands. Ce qui n’est pas le cas des foires en général, qui souffrent toujours d’une période creuse en milieu de semaine. C’est que ce début de saison estivale était animé. Tous les regards se sont tournés vers Londres qui cumulait ventes aux enchères de prestige en art impressionniste, moderne, contemporain et peinture ancienne, le tout couronné par la vacation « The Exceptional Sale » organisée par Christie’s avec des lots d’envergure. En parallèle se tenait la « London Art Week », soit une semaine Portes ouvertes pour les galeries. Cette concentration d’événements a déplacé les foules. Et les organisateurs ont su attirer des poids lourds : Dickinson (Londres), Richard Green (Londres), Kraemer (Paris), Didier Aaron (Paris) ou la galerie Marcilhac (Paris), qui n’était pas revenue depuis 2011… Des marchands de renommée mondiale et un vetting d’une grande rigueur, telles sont les clés de la réussite de ce jeune salon.
Beaucoup d’Anglais et d’Américains étaient présents ainsi que des Russes. « Au vernissage, la qualité de la clientèle était au rendez-vous. À Londres, il y a des clients que nous ne voyons pas à Paris, venant d’Europe du Nord comme les Suédois, mais aussi le monde de la finance, des Libanais, des Indiens. Ici, ce sont les grandes fortunes mondiales alors qu’à Paris ce sont les grandes fortunes françaises », notait Roxane Dumonteil (Galerie Dumonteil, Paris). « Je n’ai rencontré que des nouveaux clients », indiquait Patrick Mestdagh (Bruxelles), qui exposait de surprenantes pièces japonaises, dont un grand bol et une table de laqueur, vendus. « Les arts africains ne marchent pas à Londres. Il faut donc une marchandise en adéquation avec le goût anglais ».
Chaque spécialité était bien représentée, les bijoux et l’archéologie peut-être en trop grand nombre. Masterpiece est avant tout une foire consacrée à l’objet d’art, contrairement à Frieze Masters par exemple, sur laquelle Masterpiece aurait tendance à prendre le pas, selon certains marchands. Jacques de la Béraudière (Genève), qui participait pour la première fois à l’événement, exposant plusieurs œuvres de Victor Brauner ou bien l’Éternel printemps (1898), de Rodin, regrettait un manque de peinture moderne : « Il faut de la concurrence ! »
Pratique contre-nature à Paris, ici, de nombreux stands affichaient les prix telles les galeries italiennes Lampronti et Dario Mottola ou anglaises comme Finch & Co, Peter Petrou, The Fine Art Society… Le comité d’organisation aurait fait cette requête.
Appliques Louis XVI
Les ventes sont allées bon train dès le lancement de la foire. Les marchands avaient redoublé d’efforts, apportant des œuvres de gros calibre : chez Carter Marsh & Co (Winchester), on pouvait admirer la Medici Tompion, vers 1696 (6 M€), une pendule réalisée par Thomas Tompion et offerte à Cosme de Médicis. Chez Steinitz (Paris), élu « stand de l’année », une boiserie Art déco, provenant d’un salon africain d’une demeure belge, ornait les murs. La galerie présentait quatre appliques en bronze doré achetées récemment chez Christie’s, de l’ancienne collection Rothschild, annoncées alors comme étant du XIXe siècle « alors qu’elles sont de provenance royale, d’époque Louis XVI », indiquait Benjamin Steinitz (2,2 M€). Kraemer présentait une calèche d’enfant, XVIIIe siècle, « la plus belle que l’on connaisse au monde », indiquait Sandra Kraemer, objet portant le blason de la famille royale d’Espagne, peut-être pour le petit-fils de Louis XIV. Dickinson, qui avait déjà vendu un Miró, une composition de 1965, et Les Mariés au cirque, de Chagall (vers 1980), mettait à l’honneur une œuvre monumentale de Robert Delaunay de 3 m de haut, La Ville de Paris, la femme et la tour Eiffel (4,5 M€). Mermoz (Paris) présentait une déesse huastèque, Chicomecoatl (280 000 €) ; Richard Green montrait à nouveau Jeune femme tenant un perroquet (6,8 M€), de Gaspar Netscher, et Paysannes dans les champs (2,5 M€), de Pissarro. Vanderven Oriental Art (‘s-Hertogenbosch, Pays-Bas) exposait deux grandes céramiques Tang (618-907) tandis que Long Shap Gallery (Indianapolis) montrait un Portrait de femme de Picasso, 1897 (1,3 M€).
Directrice : Nazy Vassegh
Nombre de visiteurs en 2014 : 35 000
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Masterpiece monte en gamme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°439 du 3 juillet 2015, avec le titre suivant : Masterpiece monte en gamme