Présenté à la galerie Éric Dupont, ce travail de peinture axé sur la représentation du corps associe tendresse du regard et vivacité du geste.
PARIS - Il n’y a que Damien Cabanes pour oser un tel jaune dont on ne saurait dire s’il est jaune citron, citron vert, vert pomme acide. Quoi qu’il en soit, il pique les yeux, les ravit et sert de fond pour mettre en avant et au centre du tableau un corps féminin allongé, habillé de vêtements sombres. À moins que ce corps endormi ne soit un prétexte pour éveiller plus encore le jaune et révéler ses variations, fruit des remontées d’un profond travail de sous-couches de turquoise.
Difficile de savoir, tant chez Cabanes (né en 1959) le premier sujet de la peinture est… la peinture. C’est-à-dire la couleur, la touche, les gestes, la figure aussi. Et ce qui est vrai avec le jaune se vérifie avec le gris. Les gris, devrait-on dire, tant eux aussi jouent avec la gamme. Apparemment seulement gris souris, ils sont en fait d’une variété inouïe. Un mur de la galerie Éric Dupont, à Paris, qui consacre à l’artiste une exposition, montre bien ce travail sur la peinture dans tous ses états : on y découvre huit tableaux, accrochés par quatre sur deux rangées superposées, ayant tous pour modèle Saskia au pull rayé. On y voit des toiles carrées, ou horizontales, ou verticales en fonction de la position, assise, allongée ou debout, de la figure. La toile est parfois libre, elle est d’autres fois parfaitement tendue sur châssis, ou encore maintenue de guingois, laissant volontairement apparaître sur les bords une bande blanche de surface non peinte. Questions de cadre, de respiration, de jeu avec l’inachevé. Cabanes peint ses sujets. Mais avant tout il peint. Et c’est parce qu’il aime la peinture qu’il aime les sujets qu’il peint, Saskia, donc, mais aussi Marina et Nico sur fond vert et bleu ou Douma et sa famille africaine. Tous abordés avec attention, tendresse, humour parfois. Tous figurés avec des contours aux traits vifs, comme taillés à coup de serpe, dans une étonnante fulgurance du geste.
On retrouve ces aspects sur un autre mur, où encore une fois il n’y a que Cabanes pour accrocher quatre toiles aux formats et aux sujets différents, presque à touche-touche, reproduisant cette ambiance si particulière propre à un atelier d’artiste. Ses œuvres ont en effet une étonnante force d’attraction qui nous invite à entrer dans leur monde introverti, assourdi, et nous transporte dans un ailleurs, un « hors temps-hors espace » proche de celui dans lequel baigne ses personnages.
Avec une fourchette allant de 3 000 à 18 000 euros pour les toiles et de 8 000 à 11 000 euros pour les papiers, les prix de Damien Cabanes sont raisonnables. À l’exception toutefois du tableau proposé à 3 000 euros, un prix élevé étant donné sa taille (16 x 22 cm). À moins de considérer, dans une version optimiste, que ce sont les plus grands (136 x 193 cm) qui ne sont pas très chers, surtout si l’on tient compte de l’âge, de la carrière et de la qualité de l’artiste.
Nombre d’œuvres : 20
Prix : entre 3 000 et 18 000 €
Artindex France 2015 : 354
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Damien Cabanes, peintre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 23 mai, Galerie Éric Dupont, 138, rue du Temple, 75003 Paris, tél.01 44 54 04 14, www.eric-dupont.com, mardi-samedi 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°435 du 8 mai 2015, avec le titre suivant : Damien Cabanes, peintre