Les sculptures de Bernar Venet inaugurent le nouvel espace d’exposition luxembourgeois du galeriste, voulu suffisament vaste pour des démonstrations de qualité muséale.
LUXEMBOURG - Dix-sept ans après avoir pris sa retraite du Musée d’art moderne de Saint-Étienne et entamé une nouvelle carrière de galeriste, Bernard Ceysson vient d’ouvrir un immense espace au Luxembourg (lire aussi JdA 427). Installé dans un entrepôt industriel, dans une petite ville, Koerich, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Luxembourg, ce nouveau lieu s’ajoute à la galerie ouverte en 2008 dans la vieille ville de la capitale du Grand-Duché. Refait à neuf par le galeriste en contrepartie d’un loyer modéré consenti par le propriétaire des lieux lui-même collectionneur, cet immense loft tout blanc de 800 m², auquel s’ajoutent 600 m² d’espace de stockage qui seront prochainement eux aussi réaménagés, permet d’y organiser des expositions de qualité muséale.
C’est justement cela qui a convaincu Bernar Venet (né en 1941) de prêter des œuvres pour cette exposition inaugurale. L’artiste qui vit entre Le Muy dans le Var et New York, n’a plus vraiment besoin de galerie, son carnet de commandes pour ses sculptures monumentales qui parsèment le monde étant rempli plusieurs mois à l’avance. C’est aussi par amitié avec l’ancien conservateur qui l’avait exposé à Saint-Étienne en 1977 après sa longue pause créatrice qui lui avait fait abandonner l’art conceptuel. Les formules mathématiques de ses débuts resurgissent justement dans l’espace Wiltheim en centre-ville, mais dans une forme beaucoup plus plastique. Ici les équations n’apparaissent plus pour ce qu’elles sont mais par fragments, agrandis, pour leur apparence visuelle, presque comme une marque qui jouerait avec son logo. Elles sont reproduites sur de grands panneaux carrés ou des assemblages ressemblant à ce qui pourrait être la lettre pi ou le signe déformé de l’infini. Malgré l’aridité du sujet, le cadre, les couleurs rouges ou dorées, l’acrylique confèrent à ces tableaux créés entre 2009 et 2013, un aspect ornemental, bien loin du minimalisme typographique noir et blanc de la fin des années 1960.
Place aux œuvres monumentales
Changement de registre et d’échelle dans le nouveau loft qui permet d’accueillir trois grandes sculptures en acier Corten rouillé, une de la série des « Effondrements », une Ligne indéterminée (2012) et une de la série des « Arcs » (2012). Au mur sont accrochées neuf sculptures appartenant à la série des « Gribs », des formes rondes ou zigzagantes en acier oxycoupé à mi-chemin entre le dessin dont il y a d’ailleurs plusieurs spécimens et les structures en acier qui font la renommée de l’artiste. Ces dernières doivent encore faire leur chemin dans l’esprit des collectionneurs. Alors que deux sculptures (prix catalogue entre 380 000 et 680 000 euros) avaient été vendues quelques jours après le vernissage, ainsi que la plupart des dessins (prix moyen 45 000 euros), il n’y avait encore que des options pour les « Gribs ». Le marché luxembourgeois n’est pas tout à fait le marché du voisin bruxellois, mais il est en développement selon Bernard Ceysson, même si les banques, nombreuses, achètent moins depuis quelque temps pour leur propre collection. On ne compte qu’une dizaine de galeries de niveau international et aucune foire d’art contemporain. Les premiers achats de l’exposition Venet ont été effectués par des collectionneurs privés venus des deux côtés de la frontière franco-luxembourgeoise.
Nombre d’œuvres : 31
Prix : de 45 000 à 680 000 €
Artindex France 2015 : 30 ( 5)
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Bernard Ceysson recrée son musée
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 24 mai, Galerie Bernard Ceysson Wiltheim, 2 rue Wiltheim, Luxembourg, Galerie Ceysson Wandhaff, 13-15 rue d’Arlon, Wandhaff, Koerich, Luxembourg, mercredi-samedi, 12h-18h, www.bernardceysson.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°434 du 24 avril 2015, avec le titre suivant : Bernard Ceysson recrée son musée