« Chaque fois que Daech perd du terrain sur le plan militaire, il lance une offensive médiatique », ont remarqué les experts du terrorisme. Cela s’est encore une fois vérifié récemment. Après avoir dû abandonner Kobané en Syrie au terme d’un siège très médiatisé, le groupe État islamique (EI) a diffusé une vidéo macabre montrant l’exécution de chrétiens coptes. Et à l’approche de la déterminante bataille de Mossoul, qui se prépare dans le nord de l’Irak, il a posté sur les réseaux sociaux un film de propagande sur les destructions dans le musée de la ville. Quelques jours après, l’EI s’est attaqué au site archéologique assyrien de Nimrud puis à la cité antique de Hatra, toutes deux au sud de Mossoul. Ici pas de vidéo, les témoignages indirects sont fragiles mais largement diffusés par la communauté internationale. L’Unesco a ainsi dénoncé « l’effroyable stratégie de nettoyage culturel en cours en Irak ».
Chaque exaction de ces radicaux est largement reprise par les médias, jouant malheureusement le jeu des islamistes. Le Journal des Arts a ainsi posté sur son site la vidéo de Mossoul dès qu’elle est apparue. Les sites et objets d’art, comme les journalistes, les humanitaires, les pilotes arabes, les chrétiens et autres cibles médiatiques, ne sont pas choisis au hasard et participent d’une opération de communication dont les objectifs sont de galvaniser les troupes de Daech et d’attirer de nouveaux combattants étrangers. Que faire pour éviter ce piège tendu par les islamistes radicaux ? Faut-il taire ces actes barbares, comme dans le cas des prises d’otages afin de ne pas les inciter à recommencer, ou faut-il faire son travail d’information ? Personne n’a la réponse et, pour l’instant, c’est la deuxième option qui est privilégiée. Le comble est que cet iconoclasme n’est qu’un stratagème grossier. Car en sous-main l’EI organise le trafic des objets d’art. Comment l’organisation peut-elle d’un côté prôner la destruction des objets idolâtres et de l’autre superviser leur exportation ? Autant qu’une lecture erronée du Coran, la cupidité est un ressort de son action.
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Le piège de Daech
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : Le piège de Daech