Le photographe est enfin reconnu dans un ouvrage qui recense sa contribution à l’histoire de la photographie au Luxembourg.
Portraitiste, premier photographe de la cour grand-ducale, éditeur d’albums illustrés et de cartes postales, Charles Bernhoeft (1859-1933) a été le photographe luxembourgeois le plus renommé de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle. Entre 1878 et 1910, une vingtaine d’employés travaillait à l’atelier et l’imprimerie Charles Bernhoeft, alors le plus grand établissement de ce genre au Grand-Duché. Il n’existait pourtant jusqu’à présent aucun travaux de fond sur sa production, ne fût-ce qu’une partie ou un aspect. Ce n’est qu’à la faveur de la rétrospective sur « Les Kutter photographes », organisée en 1999 au Musée national d’histoire et d’art de Luxembourg, que le nom quelque peu oublié de l’histoire de la photographie, hormis pour les collectionneurs de cartes postales anciennes, est sorti de l’anonymat. Six ans plus tard, ses auteurs, Edmond Thill (chef du service éducatif au MNHA) et Paul Reiles (ancien dirigeant du musée et du Fonds culturel national [1991-2012]) signaient la première rétrospective Charles Bernhoeft.
Un atelier de photo en héritage
Aujourd’hui sous la direction d’Edmond Thill, le Musée national d’histoire et d’art consacre un ouvrage spécifique à la vie et l’œuvre de ce photographe passionné par les techniques nouvelles et inventeur de systèmes d’éclairage artificiel indirect. Son titre toutefois ne donne pas l’autre grande spécificité et qualité de ce livre abondamment illustré : celui d’être aussi le premier à retracer l’histoire de la photographie au Luxembourg depuis l’arrivée des premiers daguerréotypistes au milieu de 1840 jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Le chapitre que lui consacre Edmond Thill est particulièrement instructif. Au travers des itinéraires des grandes figures de cette époque que furent entre autres les frères Mehlbreuer, Pierre Brandebourg et son fils Charles Brandebourg ou Nicolas Maroldt, se développe une histoire de la photographie du XIXe qui, au Luxembourg, est avant tout une affaire familiale de professionnels jusqu’à ce que les premiers photographes amateurs se regroupent à partir de 1894 au sein du Cercle luxembourgeois. Les ateliers transmis d’un photographe à un autre sont à cet égard une des particularités de cette histoire. Edmond Thill révèle, dans son éclairage inédit sur les débuts de Charles Bernhoeft dans la profession, que Joseph Mehlbreuer lui aurait proposé de reprendre l’atelier de son frère Anton.
L’autre spécificité de la photographie produite durant ces décennies, celle de Charles Bernhoeft notamment, tient à ce qu’elle a été le support visuel de la conscience identitaire du jeune État luxembourgeois, fruit de la décision du Congrès de Vienne du 8 juillet 1834, et par conséquent le reflet éclairant de l’histoire de la capitale. Longtemps elle-même négligée, cette période de production fait l’objet, depuis peu, d’une volonté politique de retrouver les épreuves originales qui subsistent. Aucun fonds des archives de Charles Berhnoeft dans une collection publique ou privée n’est par exemple encore recensé. Ce livre entend remédier à cette situation en favorisant leur identification dans les archives publiques, où nombre d’entre elles sont encore classées selon des critères thématiques et non en fonction du nom de leur auteur.
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Charles Bernhoeft, témoin de l’histoire
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Abonnez-vous dès 1 €Charles Bernhoeft, photographe de la Belle époque, sous la direction de Edmond Thill, éditions Musée national d’histoire et d’art, 800 pages, 1 000 illustrations, 95 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Charles Bernhoeft, témoin de l’histoire