Nommé cet été à la tête du département des Peintures au Musée du Louvre, Sébastien Allard dévoile ses projets.
Sébastien Allard, spécialiste du XIXe siècle, a pris l’été dernier la succession de Vincent Pomarède au poste très convoité de chef du département des Peintures au Musée du Louvre. Il nous répond sur l’actualité et les projets du département.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les saisons consacrées aux XVIIe et XVIIIe siècles qui se profilent au Louvre ?
Le président du musée, Jean-Luc Martinez, a souhaité réduire le nombre d’événements afin de leur donner une plus grande cohérence programmatique. Les événements temporaires devront donc être articulés au travail sur les collections permanentes. C’est ainsi que les expositions consacrées à Poussin cette année (« Poussin et Dieu », 2 avril-29 juin), à Hubert Robert et à Vermeer en 2017 correspondront aux rénovations des salles de peintures françaises de l’aile Sully en 2015-2016 et des salles de peintures nordiques dans l’aile Richelieu en 2017.
Quel est le mot d’ordre de ces réaménagements ?
Je suis un « classique moderne » qui s’inscrit dans la grande tradition du musée. Donc pas de rupture brutale, mais un regard différent et dans la dynamique – désormais historique – du « Grand Louvre ». L’accrochage est un travail qui évolue avec la réflexion, la recherche, les expositions et les articles scientifiques, mais aussi avec les partis pris et la vision que les conservateurs ont de la collection dont ils ont la garde et de la façon dont ils souhaitent transmettre cette vision au public. Ainsi du nouvel accrochage de la « partie XVI » de la Grande Galerie qu’avec Vincent Delieuvin, conservateur de la peinture italienne du XVIe siècle, nous avons voulu autant historique qu’esthétique.
De quelle manière allez-vous pallier l’absence des treize chefs-d’œuvre en partance pour Abou Dhabi ?
Le département des Peintures prête beaucoup (environ 400 prêts pour 2015) ; aussi avons-nous l’habitude de modifier souvent les accrochages. À chacune de ses venues, le visiteur peut ainsi faire des découvertes ; cela permet de stimuler sa curiosité. Ainsi le départ pour Lens du Portrait d’Isabelle de Requesens, vice-reine de Naples par Raphaël à Lens a été l’occasion de refaire la « tribune » de la Grande Galerie. Le public ne se rend pas toujours compte à quel point l’accrochage est évolutif et dynamique. On remplacera probablement La Belle Ferronnière par un chef-d’œuvre de Solario, artiste travaillant sous l’influence de Léonard.
Quelles autres nouveautés souhaitez-vous apporter ?
Le département des Peintures a sans doute la collection de cadres la plus importante au monde (environ 9 000 pièces). Quelque 4 000 sont utilisés en salles, et les réserves comptent quelques pièces exceptionnelles. Cet intérêt pour l’encadrement remonte à la création du musée à la fin du XVIIIe siècle et ne s’est jamais démenti depuis, notamment dans les trente dernières années. Je voudrais que ce travail soit restitué au public, avec un espace de présentation particulier. Par ailleurs, je voudrais aussi que le public soit conscient que le département est un conservatoire du design au moins depuis les années 1970 (notamment avec Pierre Paulin) et que le musée peut encore être une source d’inspiration pour les créateurs.
Où en est la restauration de La Belle Ferronnière ?
Un comité d’experts internationaux se réunit régulièrement pour suivre l’avancement de l’opération et, notamment, du degré d’allégement des vernis. Le tableau a été promis à la grande exposition sur Léonard à Milan en avril, sous réserve d’une restauration achevée. Il sera ensuite prêté à Abou Dhabi pour l’ouverture du musée. Mais la restauration n’a pas été menée afin de prêter l’œuvre. En matière de restauration, j’ai un mot d’ordre : prudence et pragmatisme ! Cette restauration fait suite à celle de La Sainte Anne, dans le cadre d’une intervention sur un ensemble, avec un souci d’harmonie. La prochaine étape étudiera donc l’opportunité ou non de restaurer le Saint-Jean-Baptiste, dont les vernis sont très jaunes. Mais ce dossier ne sera étudié qu’au regard du travail effectué sur La Belle Ferronnière. Si le dossier Léonard n’est pas clos, restaurer La Joconde n’est pas d’actualité.
Où en sont les négociations pour l’acquisition de La Lecture de la Bible de Jean-Baptiste Greuze, classé trésor national ?
Nous avons fait une offre au propriétaire, dont nous attendons la réponse. La période n’est pas des plus favorables et un mécénat n’a pas encore été trouvé. La priorité du musée en termes d’acquisition est aujourd’hui la Table de Teschen, pour laquelle une souscription publique et une vaste opération de recherche de financement ont été lancées. Mais nous avons encore quelques mois devant nous et poursuivons nos démarches. Les Amis du Louvre viennent de faire un très beau geste en offrant une magnifique Pietà de Gonçal Peris, artiste actif à Valence au début du XVe siècle.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sébastien Allard : « Dans la dynamique désormais historique du “Grand Louvre” »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Sébastien Allard : « Dans la dynamique désormais historique du “Grand Louvre” »