En tuant des juifs, des policiers et des journalistes, les djihadistes voulaient terroriser la société. C’est raté, les manifestations du dimanche 11 janvier ont été la plus belle des réponses.
Toute une nation est sortie dans la rue pour montrer qu’elle n’avait pas peur, galvanisée par le soutien international. Cela a été depuis dimanche maintes fois souligné par les commentateurs. Ce qui l’est moins, c’est le rôle de l’institution judiciaire, pourtant très protectrice de la liberté d’expression. De ce qu’il ressort des propos des frères Kouachi, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont été assassinés, moins parce qu’ils étaient journalistes au sens de celui qui cherche à établir la vérité des faits que parce qu’ils caricaturaient le prophète Mahomet. En France, si la diffamation contre une personne, lorsqu’elle est établie, est un délit, le blasphème dans son acception première, c’est-à-dire une injure à l’égard d’une divinité ou d’une religion, ne l’est pas. En revanche, la liberté d’expression, la liberté d’opinion est reconnue dans la loi, mais elle a la même valeur que d’autres libertés fondamentales comme la liberté de conscience ou la liberté religieuse. Il appartient donc au juge, lorsqu’il est saisi dans une affaire particulière, de dire si la balance est équilibrée entre droit d’expression et respect des convictions religieuses des personnes. Les organisations musulmanes qui avaient poursuivi Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures de Mahomet avaient été déboutées au motif, notamment, que les dessinateurs ne s’attaquaient pas à l’islam mais à sa minorité radicale.
Il est réjouissant que toute la France se soit levée pour montrer son refus de l’amalgame, et il est rassurant de savoir que nous vivons dans un État de droit avec une justice qui sait protéger la juste expression des opinions. Parmi la cinquantaine de chefs d’État qui ont défilé dimanche, beaucoup n’ont pas la même conception de la justice.
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Blasphème
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : Blasphème