Menées par Sotheby’s, les ventes parisiennes d’arts décoratifs de novembre ont été solides et ont réaffirmé l’importance du « pedigree ».
PARIS - « Quand votre charmante lettre est arrivée, je pensais que les meubles seraient déjà prêts. » C’est en ces termes, dans une lettre écrite à la plume noire et en anglais, que Jean-Michel Frank s’adresse à sa cliente, Stanley Resor, directrice de publicité de l’agence J. Walter Thompson. C’est également en ces termes que s’ouvre le catalogue d’arts décoratifs de Sotheby’s, présentant cette collection particulière américaine de sept pièces signées du décorateur. « Nous avons proposé de vendre cette collection à Paris, car elle racontait une histoire : celle d’un mobilier conçu en France pour un Américain, celle d’une époque où la France dominait les arts décoratifs, celle du regard d’une culture sur une autre… », explique Cécile Verdier, directrice du département européen des arts décoratifs chez Sotheby’s à Paris. La collection, sa mise en scène et ses résultats illustrent bien les tendances du secteur des arts décoratifs du XXe siècle : un marché en pleine vitalité, couronnant les œuvres fraîches et de belle provenance, et toujours actif à Paris.
Autre fait notable, la clientèle américaine semble avoir fait un retour triomphal. « Alors qu’ils étaient un peu en retrait ces dernières années, on constate leur retour en force aujourd’hui, et sur tous les segments », indique Cécile Verdier.
Une quinzaine à 19 millions d’euros
La série de vacations a donné de très bons résultats, notamment pour Sotheby’s qui a totalisé 7,5 millions d’euros (1) (bien au-delà de son estimation de 5,5 millions d’euros) pour 152 lots couvrant tout le XXe siècle. Les trois quarts des œuvres ont dépassé leur estimation. Parmi les lots couronnés figurent un cabinet en marqueterie de paille de Jean-Michel Franck de la collection Stanley Resor, cédé 385 500 euros, un canapé boule de Jean Royère issu d’un important ensemble du nord de la France vendu 397 500 euros, ou encore un troupeau de moutons de l’indétrônable François-Xavier Lalanne, adjugé 409 500 euros.
Chez Christie’s, l’estimation a également été dépassée : sa vente, plus resserrée (68 lots) et axée sur la sculpture animalière, a réalisé 4,7 millions d’euros et donné trois records mondiaux. La Panthère à l’affût, de Rembrandt Bugatti, a récolté 1,2 million d’euros, quand une rare Tigresse jouant ou donnant un coup de patte signée François Pompon a été adjugée 607 500 euros, un record. Une paire de fauteuils en bois laqué et bronze doré de Jacques Quinet va également rester dans les annales avec un prix de vente jamais atteint, 265 500 euros.
Artcurial a quant à elle a totalisé 1,8 million d’euros pour sa vente de design et 1,2 million pour la section arts décoratifs. Très attendus, les panneaux à la feuille d’or créés par Jean Dunand pour le Normandie et restés cinquante ans dans la même famille ont été remportés 361 400 euros, au-delà de leur estimation. Tajan, qui organisait deux ventes très (trop ?) volumineuses (près de 1 000 lots pour le design et les arts décoratifs), est en revanche restée en deçà de ses espérances : 1,2 million d’euros côté design, et 691 329 euros côté arts décoratifs. Piasa, qui se concentrait sur le design italien, a obtenu des résultats honorables.
(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.
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La provenance mène la danse
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Abonnez-vous dès 1 €Artcurial design, le 10 novembre
Estimation : 1,4 M€
Total : 1,7 M€
Nombre de lots vendus : 120 sur 144
Arts décoratifs, le 25 novembre
Estimation : 967 500€-1,2M€
Total : 1,2 M€
Nombre de lots vendus : 68 sur 98
Piasa G. Crespi et design italien, le 26 novembre
Estimation : 1,8 M€
Total : 2 M€
Nombre de lots vendus : 170 sur 262
Taux de vente : 65%
Christie’s 20/21 design, le 24 novembre
Estimation : 2-2,8 M€
Total : 4,7 M€
Nombre de lots vendus : 58 sur 68
Sotheby’s, arts décoratifs… & design le 25 novembre
Estimation : 3,9-5,6 M€
Total : 7,5 M€
Nombre de lots vendus : 116 sur 152
Tajan, arts decoratifs du XXe, le 18 novembre
Estimation : 1-1,4 M€
Total : 691 329 €
Nombre de lots vendus : 215 sur 461
Design, le 24 novembre
Estimation : 1,5-2,2 M€
Total : 1,2 M€
Nombre de lots vendus : 263 sur 516
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : La provenance mène la danse