Art contemporain

Paris moins bien que New York

Les vacations ont été légèrement inférieures à celles de l’an dernier

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 10 décembre 2014 - 515 mots

PARIS - L’art contemporain affiche une vitalité insolente et la place parisienne en profite partiellement.

La capitale a fermé la marche d’excellentes ventes les 2, 3, 4 décembre à l’échelle mondiale avec des résultats légèrement inférieurs à l’an dernier. Christie’s dépasse sa rivale d’une courte tête avec un chiffre d’affaires de 16,3 millions d’euros pour 45 lots. Mais la performance de Sotheby’s est belle : la maison récolte 16,3 millions d’euros pour seulement 30 lots. Ces résultats illustrent bien les stratégies des deux sociétés : quand la britannique vise un total supérieur, l’américaine préfère un prix moyen plus élevé « Notre stratégie depuis un certain nombre d’années est de nous appuyer sur un nombre très restreint d’œuvres, plus recherchées. Un risque majeur, si nous ne vendons pas certaines œuvres », indique Stefano Moreni, directeur du département art contemporain chez Sotheby’s France.

Sans surprise, les meilleures adjudications des deux géants anglo-saxons sont allées aux champions des enchères que sont Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat. Chez Sotheby’s, le premier était représenté par une sérigraphie de la série « Ladies and gentlemen », portrait d’une drag-queen anonyme, vendue 2,3 millions d’euros (1), au-delà de l’estimation. Christie’s proposait quant à elle Icon 6, une toile créée au cours de la prolifique année 1982, passée en vente publique en 1989 et 2006 et cédée cette fois pour 1,7 million d’euros, dans l’estimation. Dans le Top 10 des deux maisons, on remarque bien quelques rares Français emblématiques de l’après-guerre (Dubuffet ou Soulages chez Sotheby’s), ou à l’écart des projecteurs (Germaine Richier chez Christie’s). Mais, parmi ceux qui ont récolté les meilleures enchères, nombreux sont les artistes étrangers ou naturalisés français liés par leur l’histoire à l’Hexagone, terre d’asile pour les créateurs ou foyer artistique : ainsi de l’artiste Simon Hantaï d’origine hongroise dont la Mariale m.b.2 a atteint 2 millions d’euros chez Sotheby’s ou de Joan Mitchell et Zao Wou-ki présentés avec succès chez Christie’s (voir 25.2.65, emportée pour 1,3 million d’euros). L’artiste Gutaï Kazuo Shiraga a également obtenu un beau succès chez les deux auctioneers : 1,7 million d’euros rue Saint-Honoré et 1,2 million d’euros avenue Matignon. « Ces résultats montrent l’attention portée par la France à l’artiste : autant au niveau institutionnel par les musées que par les galeries, grâce à Rodolphe Stadler. Aussi, cet artiste actif sur le marché international trouve une place très favorable à Paris », explique Stefano Moreni.

Chez Artcurial et Tajan, les résultats sont décevants : la première a réalisé 3,8 millions d’euros et la seconde un peu moins de 900 000 euros, et ni l’une ni l’autre ne sont parvenues à atteindre leur estimation basse. Sotheby’s, à la traîne au niveau mondial pour l’art contemporain, en a profité pour annoncer son leadership dans ce domaine en France, avec un total de 51,1 millions d’euros. Si la performance est à saluer, il faut également noter que ce total ne se hisse pourtant pas à la hauteur des 65,7 millions d’euros récoltés à New York par Christie’s pour une seule toile, le Triple Elvis de l’incontournable Warhol…

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : Paris moins bien que New York

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