Plus qu’une proposition de lecture, Mark Lewis invite dans ses quatre films à réinventer l’expérience du musée.
PARIS - Voilà l’une des belles surprises de la saison : le discret Mark Lewis est de retour en France dans une présentation qui ne l’est pas moins, au Louvre à Paris. Le dispositif est a minima, avec dans la petite salle de la maquette attenante au mur d’enceinte médiéval quatre films enchaînés, tournant sur un écran en une boucle d’une quarantaine de minutes. Tous sont des nouveautés, des productions réalisées pour l’occasion, après que l’artiste fut invité à déambuler et à s’emparer des espaces et des collections, comme il est souvent d’usage ici.
Les amateurs de l’artiste canadien y retrouveront tout ce qui les attire et les retient dans son travail : la concision et la précision du langage, l’expérience optique et en particulier sa singularité dans la manière de questionner les lieux et la matière dont il ausculte la plasticité et la teneur avec brio, notamment dans le traitement de la lumière. Le film Pyramid (2014), entre autres, en fait la démonstration, en laissant la caméra renverser les perspectives et en se focalisant sur les ombres plus que sur l’architecture ou les visiteurs.
Une expérience muséographique
Bien plus qu’une simple documentation au travers d’une exploration personnelle, c’est bel et bien à une autre façon de s’emparer des salles et des œuvres que convie Lewis, qui invente une manière de les regarder et par-delà réinvente le musée à travers son regard ; ce que traduit, on ne peut plus clairement, le titre de l’exposition, « Invention au Louvre ». L’artiste déploie sa science consommée d’une image explorée en profondeur et non à la seule surface ; d’autant plus que totalement exempte de bande-son, ce qui conduit à une concentration bien plus intense du spectateur et peut-être à davantage d’attention portée aux détails. Or chez Lewis les détails sont loin d’être des anecdotes, comme dans Child with a Spinning Top (Auguste Gabriel Godefroy) (2014) qui s’attarde sur un tableau de Chardin dans lequel un enfant joue avec une bobine, selon des angles d’approche et une temporalité si particuliers qu’il parvient presque à y faire naître un subtil mouvement, ou The Night Gallery (2014), excursion nocturne dans une galerie de sculptures antiques où la grâce des détails et le travail sur la matière confèrent aux œuvres une nouvelle amplitude. L’expérience des spectateurs est-elle au centre du film le plus long, In Search of the Blessed Ranieri (2014), où plus que de les regarder eux-mêmes Lewis les regarde regarder ? Une fort belle manière de pointer que le sujet principal reste au fond l’œuvre d’art, même si parfois elle disparaît du champ.
Nombre d’œuvres : 4 films
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Réinventer le Louvre
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Abonnez-vous dès 1 €Mark Lewis. Invention au Louvre
jusqu’au 5 janvier, Musée du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 50 50, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-17h45, mercredi et vendredi 9h-21h45. Livre d’artiste, Mark Lewis. Inventio, Éditions énigmatiques, 96 pages, 20 €.
Légende Photo :
Mark Lewis, The Night Gallery, Invention au Louvre, 2014, film HD couleur. © Mark Lewis et l’ONF.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Réinventer le Louvre