Art contemporain

Ventes royales à Londres

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2014 - 787 mots

Entraînées par Frieze, les ventes de Londres ont atteint des résultats sans précédent couronnant l’art italien et les jeunes artistes.

LONDRES - Mi-octobre, les ventes d’art contemporain ont marqué une nouvelle étape pour la capitale britannique. Sotheby’s comme Christie’s ont réalisé leur plus belle semaine de ventes d’automne avec des produits respectifs de 102,1 millions d’euros (1) (82,1 millions de livres sterling) et 162 millions d’euros (129,1 millions de livres sterling).

C’est Frieze qui a servi de locomotive pour cette semaine royale. « Frieze est le catalyseur de cette semaine : Londres est une destination pour des visiteurs internationaux, commissaires, collectionneurs ou représentants de grands musées », explique Alex Branczik, responsable du département d’art contemporain chez Sotheby’s Londres. « Frieze Masters a rééquilibré la donne, ceux qui auraient pu être fatigués par l’avant-garde de Frieze sont finalement restés, tous les éléments sont aujourd’hui réunis pour faire de Londres une place de marché forte à ce moment », ajoute Edmond Francey, responsable du département d’art contemporain pour Christie’s France. Aussi, l’on constate que ces ventes d’automne de Londres rattrapent en valeur celles de février. « On arrive à des niveaux presque similaires, alors qu’auparavant les ventes d’octobre étaient petites et celles de février traditionnellement hautes », constate Edmond Francey. Au niveau mondial, Londres gagne du galon, mais encore loin de New York bien sûr. « Par rapport à New York, Londres offre une approche plus accessible pour les nouveaux collectionneurs. Lorsque l’achat moyen est de 4,5 millions de dollars à New York, il est d’1,5 million à Londres », note Alex Branczik. Mais au niveau européen, on ne peut que constater que Londres distance de plus en plus Paris.

L’art italien porté au pinacle
Ces ventes d’automne à Londres ont bénéficié d’une forte identité. Tout d’abord, les vacations du soir des deux sociétés anglo-saxonnes sont aux couleurs de l’Italie : chacune propose depuis plusieurs années une vente consacrée à l’art italien, un succès sans précédent cette année. Le 16 octobre, Christie’s annonçait le record en la matière avec un total de 34,8 millions d’euros (27,6 millions de livres). Six records d’artistes ont été enregistrés, de Carla Accardi à Alighiero Boetti. C’est ce dernier qui s’est particulièrement remarqué avec sa Colonna, vendue 3 millions d’euros (2,4 millions de livres). Mais le lendemain, Sotheby’s a immédiatement rendu caduc ce record avec une vente atteignant 52,2 millions d’euros (41,4 millions de livres) et un taux de vente de 97 %, soit une progression de 176 % par rapport à l’année passée. La maison a misé sur le blanc avec succès. L’ensemble des œuvres du groupe Zéro a fait un carton : Enrico Castellani, Agostino Bonalumi ou Turi Simeti ont pulvérisé leurs précédents records. Mais c’est un grand Achrome de Piero Manzoni qui a été la vedette incontestée : remporté 15,8 millions d’euros (12,6 millions de livres, près du double de son estimation), il a également établi un record pour l’artiste. « Il aurait pu être vendu à New York, mais ici, il a été le lot star » commente Alex Branczik.

Si Sotheby’s a brillé pour l’art italien, Christie’s lui a damé le pion pour la vacation généraliste d’art contemporain. La maison de François Pinault a totalisé 51 millions d’euros (40,3 millions de livres), dans la fourchette moyenne de son estimation mais avec un bond de près de 45 % par rapport à l’an passé. De son côté, Sotheby’s a atteint 35,4 millions d’euros (28,2 millions de livres, pour seulement 52 lots cependant). De beaux représentants de l’art allemand étaient proposés. « Il y avait un fort tropisme allemand cette année, il faut dire que ces artistes se vendent bien à Londres », explique Edmond Francey. Chez Christie’s, Richter a accaparé le top 10 avec quatre lots star, dont Waldstück adjugée 5,7 millions d’euros (4,4 millions de livres), tandis que chez Sotheby’s, Ohne Titel (Meine Lügen sind ehrlich) (1992), grand autoportrait de Kippenberger et vedette du soir, s’est vendu poussivement 2,9 millions d’euros (2,3 millions de livres), en dessous de son estimation. Outre de beaux prix établis par des poids lourds tels Peter Doig chez Christie’s (The heart of old San Juan, vendu 5,6 millions d’euros soit 4,5 millions de livres) et Basquiat, Warhol ou Bacon chez Sotheby’s, il est intéressant de noter chez les deux maisons le succès des jeunes artistes, dans le sillage de la Frieze week. De nombreux records ont été battus : chez Christie’s pour Brent Wadden, Toby Ziegler, Louis Eisner ou Joe Bradley et chez Sotheby’s pour Danh Vo ou Israel Lund. À remarquer par ailleurs : chez Sotheby’s, le meilleur prix est allé à un Français, qui n’est autre que Pierre Soulages.

Note

(1) Tous les prix de ventes s’entendent frais compris et les estimations hors frais.

Chez Sotheby’s, le 17 octobre
Art contemporain, vente du soir

Estimation : 25-35 M £/32 à 45 M €
Total : 28,2 M £/35,4 M €
Nombre de lots vendus : 52 sur 59
Taux de vente : 88 %

Sotheby’s
Art italien

Estimation : 23,8-33,5 M £/30 à 42,20 M €
Total : 41,4 M £/52 M €
Nombre de lots vendus : 48 sur 49
Taux de vente : 97 %

Chez Christie’s, le 16 octobre
Art contemporain, vente du soir

Estimation : 32,1-47,1 M £/41-60 M €
Total : 40,3 M £/51 M €
Nombre de lots vendus : 65 sur 76
Taux de vente : 89 %

Christie’s
Vente italienne

Estimation : 22,5-32,4 M £/28,5-41,1 M €
Total : 27,6 M £/34,8M €
Nombre de lots vendus : 58 sur 66
Taux de vente : 88 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : Ventes royales à Londres

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